L’écologie a oublié ce qu’elle est : une science non pas naturaliste, mais sociale. Elle est une sociologie, voire la sociologie du monde. La sociologie humaine n’en serait qu’un département. L’écologie est également un socialisme, car elle défend l’intérêt général, celui des hommes et de la planète, à partir de règles concertées.
Oui à la recherche. Cela correspond à la perpétuelle quête de connaissances, qui est une caractéristique de notre espèce. Mais il nous faut arriver à utiliser notre savoir quand les retombées sont favorables au vivant, ou du moins, sans préjudice pour les humains.
La science post-normale révèle que la science normale, conduite en laboratoire et étendue à la conquête de la nature par le truchement de la science appliquée, n’est plus adaptée à la résolution des problèmes écologiques mondiaux. La qualité de la réflexion scientifique doit désormais être assurée par une « communauté élargie de pairs », composée de non-initiés.
La science remplit dans notre société technicienne le rôle que la religion jouait jadis dans les sociétés du passé. C'est donc la posture de liberté d’esprit qui doit être aujourd’hui à l’origine de sa remise en question comme religion séculière.
L'énergie titanesque libérée par la physique nucléaire est à la mesure de la violence inhérente à ce mode de connaissance. Elle manifeste le principe d’illimitation qui meut l’entreprise scientifique moderne – principe qui, en se mariant à l’illimitation de l’économie capitaliste, nous expose à un danger mortel.
Les transhumanistes ont la tentation d'opposer deux camps : celui des biotransgressifs, parmi lesquels ils se comptent, et celui des bioconservateurs, avec lesquels ils ferraillent. Il convient de revoir − et même de retourner − les termes du débat. Le risque inhérent aux biotechnologies n'est-il pas, en effet, de tuer la vie, et pas seulement de « tuer la mort ».
Décider de l’avenir de la société ne peut plus désormais se faire indépendamment de la nature. En ce seul sens, la nature entre résolument en politique. Et les sciences de la nature constituent dès lors les organes sensoriels de la politique.
En matière de climat comme d’Organismes génétiquement modifiés (OGM), on oppose volontiers les « anti-science » aux « pro-science ». C’est une erreur. Organiser le débat de cette manière, c’est confondre plusieurs niveaux d’analyse, et se condamner à ne pas pouvoir avancer.
Dire de la science qu’elle est sacrée, ou qu’elle est notre sacré, c’est faire preuve d’une double ignorance : ignorance de la nature de la science, et ignorance de la nature du sacré. C’est plus que deux erreurs, ce sont deux contresens.
De quelle université avons-nous besoin ? Un espace émancipateur propice au débat et à la réflexion, où les évolutions du monde sont décryptées autrement que dans l'urgence ? Ou bien un laboratoire pour l'innovation à tout prix, au service de la compétition économique ? La deuxième option est en train de l'emporter sur les ruines de la première.