« La science est une chose trop importante pour être laissée entre les mains des seuls savants. »
(Carl E. Sagan)

Les Impromptus

Des articles courts et informés, rédigés au gré de l’actualité scientifique, pour saisir l’essentiel.

Une étude suggère que les chercheurs délaissent désormais les précautions oratoires d’usage dans la présentation des résultats de leurs recherches. Une attitude, confinant parfois à la démarche promotionnelle, qui peut avoir des conséquences préjudiciables sur la qualité de la littérature scientifique.

Les chercheurs exagèreraient-ils les résultats de leurs recherches ? C’est la conclusion d’une étude – l’une des plus importantes du genre –, publiée dans la revue spécialisée Scientometrics, ayant passé au crible le langage utilisé par les auteurs de plus de 2 600 articles scientifiques publiés dans Science de 1997 à 2021. L’étude révèle ainsi que les mots de prudence tels que « pourrait », « probablement » ou encore « semble » ont chuté d’environ 40 % au cours des vingt dernières années.

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Selon une ONG états-unienne, l’actuel directeur scientifique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Jeremy Farrar, qui s’ingénie depuis des années à étouffer la thèse du virus échappé d’un laboratoire pour expliquer l’origine du Covid-19, a collaboré par le passé avec Peter Daszak, un scientifique britannique qui, jusqu’à récemment encore, travaillait étroitement avec le laboratoire chinois aujourd’hui suspecté d’être à l’origine de la fuite du virus responsable de la pandémie.

Plus de cinq ans après le début de la pandémie de Covid-19, l’origine du virus demeure incertaine. Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mène sa seconde enquête sur le sujet, l’ONG états-unienne U.S. Right to Know (USRTK, « Droit de savoir », en français) pointe, dans un article paru sur son site internet le 16 janvier dernier, la proximité passée de Jeremy Farrar, l’actuel directeur scientifique de l’OMS, et de Peter Daszak.

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Passé complètement inaperçu, un rapport d’experts pointe « l’essor considérable » des relations entre les établissements publics de recherche français et les acteurs industriels et marchands. Un état de fait qui a des répercussions de plus en plus préoccupantes à la fois sur la production des savoirs scientifiques et sur l’expertise publique. Le rapport édicte un certain nombre de recommandations pour faire face à l’urgence de la situation.

Depuis une vingtaine d’années en Europe, et singulièrement en France, les relations entre la recherche publique et le monde des affaires ne cessent de se multiplier, au point de devenir « la norme » dans les grands programmes européens et français. C’est cette situation, préoccupante, que pointe un récent rapport de la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d’environnement (cnDAspe).

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Le Centre européen de recherche nucléaire (CERN) projette de construire le plus grand et le plus puissant accélérateur de particules au monde. Une nécessité scientifique pour une poignée de décideurs, une aberration écologique et financière pour ses opposants, parmi lesquels des chercheurs. La controverse autour de ce nouveau méga-projet ne fait que commencer.

Les grands projets inutiles et imposés – expression popularisée par le mouvement écologiste dans les années 2010 – ne concernent pas uniquement l’aménagement du territoire. Si l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le barrage de Sivens, la ligne ferroviaire Lyon-Turin, parmi d’autres, ont fait l’objet ces dernières années de vives protestations et de luttes virulentes – parfois victorieuses pour les opposants –, il en est de même pour les grands équipements de la recherche scientifique.

Un cas d’école, un des derniers en date, voire le dernier : le Centre européen de recherche nucléaire (CERN) souhaite construire, dans les vingt prochaines années, le « FCC » (acronyme pour Future Circular Collider), un méga-collisionneur de particules, dont l’objectif scientifique est double : mieux comprendre le Big Bang, l’origine de l’Univers, et mettre à l’épreuve le modèle standard de la physique des hautes énergies, qui prédit actuellement le comportement des particules élémentaires.

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Les « Bonnes Feuilles » de Sciences Critiques

Avec notre collection « Les Bonnes Feuilles », (re)lisez, partagez et collectionnez les textes les plus marquants publiés ces dernières années sur Sciences Critiques : des articles d’analyse écrits par les journalistes de la rédaction ainsi que des tribunes libres rédigées par des auteurs et autrices invités. Quatre textes sont aujourd’hui disponibles, sous la forme de petits livrets de 24 et 32 pages faciles à lire, et à prix libres.

Le président-directeur général du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Antoine Petit, a annoncé la création d’un label pour soutenir et valoriser une poignée de laboratoires d’excellence hexagonaux. Une décision qui a provoqué le courroux des chercheurs et des chercheuses, qui dénoncent une recherche publique à deux vitesses, « prélude au démantèlement annoncé » du CNRS, créé à la fin des années 1930.

Quelques mois seulement après la remise du rapport Millet, qui avait déjà fait couler beaucoup d’encre au sein de la communauté scientifique, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) fait à nouveau parler de lui en ce début d’année 2025. Toujours dans sa quête – pour ne pas dire son obsession – de tirer son épingle du jeu dans la compétition académique internationale, le plus grand organisme public français de recherche scientifique vient d’annoncer, par la voix de son président-directeur général, Antoine Petit, la création du label « Key Labs ».

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L’Organisation mondiale de la santé considère que les problèmes liés à l’usage des réseaux sociaux et des jeux vidéo par les adolescents sont en progression. Les industriels du numérique sont notamment pointés du doigt.

Le 28 novembre dernier, le Sénat australien a voté une loi interdisant l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 16 ans. Dans ce domaine, les élus du pays-continent sont en accord avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le 22 septembre 2024, l’agence des Nations unies a publié une étude consacrée à l’utilisation des réseaux sociaux et des jeux vidéo par les adolescents.

Entre autres conclusions, ses auteurs notent que « les preuves de l’augmentation des problèmes liés aux réseaux sociaux indiquent qu’il est urgent que les pays et les régions envisagent de renforcer les mesures d’accès et de réglementation pour les jeunes. »

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Des chercheurs qui ne parviennent pas à reproduire les recherches de leurs collègues… et les leurs. Selon une récente enquête, les études en biomédecine ne sont pas, dans leur ensemble, reproduites. Un problème scientifique qui soulève de nombreuses questions, en particulier en matière de santé publique.

Des chercheurs canadiens, états-uniens et australiens ont lancé un nouveau pavé dans la mare de la recherche en biomédecine. Dans une enquête publiée en novembre dernier dans la revue Plos Biology, ces scientifiques révèlent que, dans leur grande majorité, les études biomédicales ne parviennent pas à être reproduites expérimentalement.

 

Une crise de la reproductibilité.

 

Ces dernières traitent pourtant de sujets d’importance majeure : de la santé, de la vie et de la mort de milliards de personnes à travers le monde. Ce sont elles qui font autorité pour les médecins et les chercheurs, tout comme pour les industries pharmaceutiques et les politiques, en matière de santé publique notamment – comme l’a montré la crise politico-sanitaire du Covid-19.

Or, la reproductibilité des expériences est l’un des principes fondamentaux de la science moderne. Dit autrement, les observations qui sont reproduites à travers plusieurs expériences (avec la même méthode, le même matériel, les mêmes paramètres…) peuvent dès lors intégrées le corpus « officiel » des connaissances dites scientifiques. Dans le cas contraire, elles ne peuvent pas – en théorie – prétendre décrire la réalité et, partant, dire le « vrai » d’un point de vue scientifique.

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Des scientifiques, réunis au sein du collectif Scientifiques en rébellion, ont participé, avec d’autres associations, à une action visant à dénoncer « l’influence néfaste » du milliardaire Vincent Bolloré sur le débat public français.

Le 9 décembre, une dizaine de membres du collectif Scientifiques en rébellion ont manifesté, aux côtés d’autres associations, pour « dénoncer la contamination grandissante du débat public en France par les thèses de l’extrême-droite ». Était visé pour l’occasion, le milliardaire Vincent Bolloré, propriétaire de plusieurs médias et maisons d’édition, parmi lesquels CNews, Europe 1, le Journal du Dimanche, ou encore les éditions Fayard.

D’abord rassemblées devant le palais Brongniart, lieu historique de la bourse de Paris, les 200 personnes présentes se sont ensuite rendues devant les Folies Bergères, dans le neuvième arrondissement de la capitale, où se tenait une assemblée générale extraordinaire du groupe Vivendi, propriété de Vincent Bolloré. Les manifestants entendaient, là encore, attirer l’attention sur « l’influence néfaste [du milliardaire] sur la société française ».

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Véritable cancer de la recherche scientifique, les conflits d’intérêt sont pratiquement devenus systématiques et systémiques de nos jours − obligation de financements oblige pour les chercheurs, qui se tournent toujours plus vers le secteur privé. A tel point que des centaines d’études sont aujourd’hui entachées par l’influence des industriels, en particulier ceux de la cigarette.

Difficile d’arrêter la clope. Même la recherche en matière de santé n’arrive pas à s’en passer. Le British Medical Journal (BJM) et le groupe de journalistes d’investigation The Investigative Desk ont mené une enquête commune sur les liens entre l’industrie du tabac et les publications scientifiques. Le résultat de leur travaux a été publié le 30 mai dernier sur le site internet du BJM. Les auteurs concluent que rares sont les revues qui échappent à la cigarette.

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Facebook et Instagram sont accusés par des procureurs américains de piéger les mineurs de moins de 13 ans sur leurs plateformes en ligne, en violation de la loi et au détriment de leur santé, mentale et physique.

Meta, maison-mère de Facebook et Instagram, fait l’objet d’une plainte aux Etats-Unis pour mise en danger de la « santé mentale et physique de la jeunesse ». Déposée fin 2023 par les procureurs généraux de trente-trois Etats, cette plainte est une réponse (judiciaire) à l’inaction du géant états-unien face au nombre important de mineurs âgés de moins de 13 ans qui utilisent ses plateformes, les réseaux sociaux leur étant officiellement interdits aux Etats-Unis.

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A l’œuvre depuis plusieurs années maintenant, la « dématérialisation » des services publics tend à dégrader les relations entre les citoyens et l’administration. Un exemple éloquent avec les Caisses d’allocations familiales (CAF). La situation est devenue si « inhumaine » que des associations interpellent le gouvernement.

Dans une lettre ouverte adressée le 6 février dernier au Premier ministre, Gabriel Attal, une trentaine d’associations dénoncent l’utilisation, par la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), d’un algorithme de ciblage et de profilage des bénéficiaires de prestations sociales. Ces associations, qui œuvrent à la défense des droits humains et des libertés fondamentales, considèrent que le recours à ce type de technologie « se traduit par des pratiques discriminatoires vis-à-vis de certains allocataires, et en particulier les plus vulnérables d’entre eux et les plus en difficulté » : les adultes handicapés, les femmes seules avec enfants, les bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA), les personnes disposant de revenus irréguliers, etc.

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Parmi les thèses en présence, la fuite de laboratoire reste aujourd’hui une piste privilégiée pour expliquer l’origine de l’épidémie de Covid-19. Or, plus de quatre ans après la survenue officielle de la crise politico-sanitaire, les laboratoires de virologie les plus dangereux se multiplient à travers le monde.

Selon l’initiative Global BioLabs, lancée en mai 2021 par des universitaires américains et britanniques, le nombre des laboratoires étudiant et manipulant les agents pathogènes les plus dangereux au monde (virus, bactéries, microbes…) est en augmentation. Dénommés « laboratoires de biosécurité de niveau 4 » (BSL4, ou « P4 » en France), ils sont désormais 69 en opération, en construction ou en projets, répartis dans 27 pays, soit 10 de plus qu’il y a trois ans.

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L’intelligence artificielle fait son entrée à l’école. En février, 200 000 lycéens utiliseront un logiciel interactif en français et en mathématiques. Une décision prise au détriment du principe de précaution.

Depuis l’irruption de l’agent conversationnel ChatGPT à la fin de l’année 2022, le flot des réactions et des débats autour de l’intelligence artificielle (IA) ne se tarit plus. Récemment, le gouvernement français a fait savoir qu’il aurait recours à un nouveau système basé sur l’IA dans le cadre de l’Éducation nationale. Dans une tribune parue le 1er janvier dernier dans le quotidien Libération, Marius Bertolucci, maître de conférences en sciences de gestion à Aix-Marseille Université, met en garde quant à l’arrivée prochaine d’un « service numérique de remédiation » au lycée.

 

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La célèbre marque de luxe détenue par le milliardaire Bernard Arnault se lance dans des recherches d’inspiration transhumaniste. Son objectif ? Comprendre les « causes profondes » du vieillissement de la peau pour commercialiser des produits qui « inversent les effets du temps ».

« Faire triompher la science sur le temps ». C’est ce que promet désormais, ni plus ni moins, la marque de luxe Dior, qui a récemment annoncé investir dans les recherches sur la longévité, en s’engageant dans le « reverse aging », l’inversion du vieillissement. « Les découvertes récentes dans le domaine de la longévité sont parmi les plus rapides et les plus prometteuses de la science aujourd’hui », croit savoir la marque, propriété du groupe LVMH, qui se dit « animée par un esprit avant-gardiste ». Désireuse de se présenter dorénavant comme une « Maison de la Science » (et non plus uniquement comme une « Maison de la Beauté »), elle affirme « effectuer ainsi une entrée audacieuse dans une aventure scientifique inédite et déterminante ».

 

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Des étudiants de l’Université de Technologie de Compiègne s’engagent contre le canal Seine-Nord Europe. Un « projet écocidaire », selon eux, qui, en plus de ravager la nature, pèserait lourdement sur les finances publiques et fragiliserait un peu plus encore le fret ferroviaire.

La lutte − victorieuse − menée contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) a donné un nouveau souffle à la contestation des « grands projets inutiles et imposés ». D’autres foyers d’opposition à la destruction de l’environnement au nom de la rationalité technicienne ont, depuis lors, vu le jour, que l’on songe aux méga-bassines dans l’ouest de la France ou encore à l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse. Le collectif « Stop Canal » de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC) espère rallier des forces similaires dans le combat qui l’oppose au canal Seine-Nord Europe. Ce collectif d’étudiants-ingénieurs organise le 16 décembre un rassemblement rue du Chevreuil à Compiègne, dans l’Oise.

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Un fonds destiné à soutenir la recherche sur les cancers professionnels vient de voir le jour. Géré par l’association Agir contre les cancers du travail, il a déjà réuni 15 000 euros.

Sociologue de la santé, Annie Thébaud-Mony dénonce depuis de nombreuses années la collusion de l’industrie et des institutions scientifiques. Soucieuse de soutenir une recherche indépendante dans son domaine, la directrice de recherche honoraire de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) est engagée dans un nouveau projet : la création d’un fonds de dotation pour la recherche sur les cancers professionnels.

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