De bonnes questions dans les sciences, il y en aura toujours, incontestablement. Mais, de plus en plus, celles-ci deviennent marginales car elles sont le fait d’indisciplinés minoritaires. C’est le système, au service du pouvoir qui produit la science de nos jours, qui les rend marginales, sans grand intérêt, caduques même. La science discipline ses « enfants », ce qui ne les aide pas à se réinventer. Or, ce sont souvent les indisciplinés qui posent les bonnes questions et qui, chemin faisant, révolutionnent leurs domaines respectifs.
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Q
U’EST-CE qu’une bonne question en science ? », m’a demandé initialement Sciences Critiques. Sur le coup, la question m’a fait réfléchir, elle m’a fait sourire. Sans doute parce que c’est une bonne question. Puis, dans l’échange avec le rédacteur en chef, celle-ci est devenue la question du titre de cette tribune, qui me semble encore plus pertinente et que l’on peut aussi formuler ainsi : Les sciences (se) posent-elles (toujours) les bonnes questions ?
Vraisemblablement, c’est parce que je parle, entre autres, des bonnes et des mauvaises questions, notamment dans les sciences humaines et sociales (SHS) dans mon essai Le penseur est mort. Vive le chercheur ! (L’Harmattan, 2020) que ces questions-là m’ont été posées.
Pour répondre rapidement et de manière décalée, comme on a tendance à le faire aujourd’hui, on peut dire qu’il y a eu, qu’il y a – et qu’il y aura toujours – des scientifiques qui (se) posent de bonnes questions et d’autres qui ne le font pas, ou plutôt qui ne le font pas assez. Mais, de mon point de vue, c’est moins les personnes elles-mêmes que le système – les mécanismes, pourrait-on dire – qui conduit de plus en plus à (se) poser de mauvaises questions qui est intéressant à étudier.
S’il existe des bonnes et des mauvaises personnes dans la vie, il existe aussi, selon moi, des bonnes et des mauvaises questions dans la science, comme ailleurs. Cette binarité subsiste bel et bien et ne relève pas des binarités oppositionnelles créées par les humains à des fins politiques, idéologiques, économiques, etc. pour coloniser, dominer, « aider », se distinguer de « l’autre », marquer une supériorité, un chemin restant à parcourir : développé versus sous-développé[1]– NDLR : Lire notre « Grand Entretien » avec Jean-Pierre Olivier de Sardan : « Il y a de multiples points de vue idéologiques sur le développement », 15 mars 2017. ; tradition versus modernité ; Orient versus Occident[2]– Edward Saïd, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Seuil, 1980 [1978]. , etc. Une question peut être bonne ou mauvaise en soi, c’est-à-dire intrinsèquement, et peut aussi l’être plus ou moins suivant le contexte dans lequel on la pose. Je commencerais ici par réfléchir sur les bonnes questions, avant d’y aborder les mauvaises.
Une bonne question touche le sens des choses, leur profondeur, suscite l’étonnement de celui ou celle à qui on la pose, des yeux qui s’ouvrent, qui brillent, des sourires et des rires qui jaillissent, de la gêne quelquefois.
Ce n’est pas rien que de poser les questions en sciences, comme dans d’autres domaines du reste. Poser une question, c’est fixer au préalable le cadre et les limites du débat, de la réflexion, de l’investigation, de l’expérimentation, etc. Comment alors reconnaître une bonne question ? Il n’existe pas, bien entendu, de recette magique universelle.
Au fond, une bonne question touche le sens des choses, leur profondeur, suscite généralement l’étonnement de celui ou celle à qui on la pose, des yeux qui s’ouvrent, qui brillent, des sourires et des rires qui jaillissent, de la gêne quelquefois. De bonnes et de vraies questions peuvent en effet « déranger », dans la mesure où elles remettent en cause les tenants du pouvoir ou ceux d’intérêts particuliers, de quelque nature que ce soit, le pouvoir des scientifiques compris[3]– Pour l’actualité, je pense, par exemple en France, aux controverses, polémiques et attaques visant entre autres le professeur Didier Raoult. NDLR : Lire notre « Trois questions à… » … Continue reading.
De plus, une bonne question est souvent une question solitaire, minoritaire, originale, atypique. Le « Et pourtant elle tourne ! » de Galilée fut une thèse solitaire, appuyée sur des intuitions et de bonnes questions contre la masse qui était convaincue du contraire.
Ceci dit, on sait qu’une question est bonne parce que, par opposition, l’on sait qu’il existe des mauvaises questions ou, en tout cas, des questions qui seraient moins bonnes. Quand, par exemple, quelqu’un nous dit : « Ah, c’est une excellente question ! », on ne va généralement pas plus loin. Il ne nous vient pas à l’esprit de lui demander pourquoi estime-t-il qu’il s’agit d’une bonne question. Il se peut que la personne la trouve « bonne » parce qu’elle n’a pas de réponse satisfaisante à fournir ou parce que, plus simplement, elle ne s’y attendait pas.
Lorsqu’une personne trouve notre question bonne, voire excellente, c’est déjà un « exploit », une sorte de consécration. On ne penserait pas l’interroger sur le pourquoi et sur ce qu’il pense des autres questions qu’il entend ou qu’on lui pose habituellement. Sont-elles donc si mauvaises ? De mon point de vue, on ne peut pas s’interroger sur les bonnes questions en sciences si l’on ne fait pas l’hypothèse a contrario que celles-ci s’en posent de mauvaises. Mais, qu’est-ce, au fond, qu’une mauvaise question ?
UNE MAUVAISE QUESTION, C’EST QUOI ?
Une mauvaise question en sciences est, à mon sens, une question quantitative, c’est-à-dire une question que tout le monde ou presque pose (ou se pose), à tel point qu’on ne s’interroge plus sur l’intérêt et la qualité de cette question que l’on pose. Elle commence à aller de soi. Une mauvaise question est une question qui va de soi. C’est même le fait de ne pas la poser qui peut devenir « problématique », comme on dit aujourd’hui, surprenant à la limite[4]– On peut aussi construire des problématiques de recherche sur de mauvaises questions, donc sur de mauvaises bases. .
Une mauvaise question est aussi une question collective. Dans la science politique comparée, par exemple, la « transition démocratique » relève, selon moi, de ce genre de questions/objets de recherche normatifs, idéologisés, politisés, en dépit de l’intérêt citoyen personnel que chacun peut trouver dans la démocratie − l’auteur de ces lignes compris.
En démographie, ce serait plutôt la « transition démographique » par la promotion universelle, par nombre de démographes et d’organisations internationales, d’une fécondité rationalisée, mesurée grâce à un taux moyen de reproduction de 2,1 enfants par femme, etc.
Une mauvaise question en sciences est une question que tout le monde pose.
Dans des domaines où se croisent plusieurs disciplines des SHS, à l’image des Media Studies et des Gender Studies, on peut rencontrer plusieurs mauvaises questions. Le principe de liberté, dont dispose tout un chacun, à juste titre, de poser les questions qui lui semblent pertinentes, les rend acceptables, les normalise. Les exemples sont nombreux, aussi bien dans les sciences dites « dures » que dans les sciences dites « molles ».
L’esprit collectif de la production de la science, via les équipes de recherche, les ouvrages collectifs, etc., d’une part, et les agendas croisés d’États, de gouvernements, d’institutions, de sociétés civiles, de laboratoires d’idées (ou think tank), de financeurs divers avec ceux poursuivis par des chercheurs, d’autre part, contribuent à la perpétuation quantitative et collective de ce genre de questions, lesquelles manquent de pertinence. Pour moi, l’esprit collectif est aussi celui que l’ère de la distraction par la multiplication[5]– Nous vivons, selon moi, une tragédie démographique sans précédent sous le règne de la quantité. La procréation, devenue distraction, comme beaucoup d’autres distractions modernes, perd … Continue reading exacerbe, que la modernité-modernisation accentue, accélère[6]– Hartmut Rosa, Accélération. Une critique sociale du temps, Paris, La Découverte, 2013. .
Qu’est-ce qui nous pousse à poser de mauvaises questions dans les sciences comme ailleurs ? Pêle-mêle : la faillite du système d’enseignement dans de nombreux pays, le formatage de l’esprit, notamment par la télévision et les réseaux sociaux, les lois de l’imitation, la soumission à des « maîtres à chercher », la concurrence internationale acharnée entre chercheurs, le manque de distanciation et de recul, l’impératif de publier un maximum d’articles[7]– NDLR : Lire notre « Trois questions à… » Roland Gori : « La démocratie dans la recherche n’est pas pour demain », 27 septembre 2017. , etc.
Dans Le penseur est mort. Vive le chercheur !, j’évoque également la question de la lecture de la littérature scientifique, c’est-à-dire des travaux académiques, antérieurs ou actuels, écrits – de préférence aujourd’hui en anglais – dans une discipline ou dans une sous-discipline, que celle-ci fasse partie des sciences naturelles ou des sciences sociales.
De mon point de vue, la lecture de cette littérature est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Si l’on ne doute pas de son intérêt lorsqu’un jeune chercheur débutant ne connaît rien, sinon peu de choses, sur son sujet d’étude, elle peut devenir une mauvaise pratique dans la mesure où elle nous conduit souvent à rester « prisonniers » dans des questionnements et des interrogations déterminés, dans des concepts et des notions fixés, dans des références établies.
De bonnes questions dans les sciences, il y en aura toujours, incontestablement. Mais, de plus en plus, celles-ci deviennent marginales car elles sont le fait d’indisciplinés minoritaires.
Nous avons au moins un exemple qui montre l’intérêt, précisément, de nager contre le courant dominant. Le mathématicien Alain Connes affirme n’avoir jamais lu les travaux de ses collègues. Pourtant, il a été récompensé par la médaille d’or du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et par la médaille Fields, qui est le « Prix Nobel » des mathématiques. Aurait-il obtenu ces distinctions-là s’il avait choisi de se limiter à la littérature dans son domaine ?
De bonnes questions dans les sciences, il y en aura toujours, incontestablement. Mais, de plus en plus, celles-ci deviennent marginales car elles sont le fait d’indisciplinés minoritaires. Le système, plus ou moins partisan[8]– Abdelwahab M. Elmessiri, Epistemological Bias in the Physical and Social Sciences, Washington, IIIT, 2006. , collectif, rationnel, dissimulateur et au service du pouvoir qui produit la science de nos jours, les rend marginales, sans grand intérêt, caduques même. La science discipline bon gré mal gré ses « enfants », dans le mauvais sens du terme, ce qui ne les aide pas à se réinventer. Or, ce sont souvent les indisciplinés, les outsiders, qui posent les bonnes questions et qui, chemin faisant, révolutionnent leurs domaines respectifs.
DE LA « QUESTIOLOGIE »
J’ai appris récemment, grâce à une consultante, l’existence de la « questiologie », la science des questions. Il existe aujourd’hui en France – et sans doute ailleurs – des cabinets spécialisés dont les coachs et les consultants assurent des formations dans le but de développer l’art de poser les bonnes questions, au profit de dirigeants d’entreprise, de managers, etc. Tout ce que je peux souhaiter, c’est qu’ils leur apprennent vraiment, dans ces formations dites de « soft skills » d’inspiration anglo-américaine, à poser les bonnes questions afin de moins exploiter les ouvriers et les salariés, de moins les manipuler, de moins polluer le monde, etc. En un mot : à poser les questions essentielles.
Si l’on pense vraiment que le monde va mal depuis quelques décennies, c’est vraisemblablement parce que les questions qu’il pose, qu’on lui pose, vont mal aussi, sont mauvaises peut-être.
Une dernière chose dans ce sens, en rapport avec l’actualité de la crise mondiale du Covid-19[9]– NDLR : Lire notre dossier spécial Covid-19. . Vous avez peut-être entendu cette information passée plutôt inaperçue il y a quelques mois dans les médias. Une information selon laquelle des laboratoires avaient décidé, contre toute logique, d’arrêter leurs recherches sur des vaccins parce qu’ils croyaient naïvement que le virus ne serait plus de retour.
C’est maintenant l’argent qui « pense » la science, c’est lui qui pousse de plus en plus les scientifiques, dans diverses disciplines, à faire la science, à la pratiquer comme il le veut, à poser les questions comme il le pense.
Connaissant un peu la façon dont se fabrique la science contemporaine, le poids de la concurrence internationale, de la compétition, je m’étais demandé alors, à l’écoute de cette information, s’il n’y avait pas eu un autre « agenda », un financement plus intéressant en somme ou des intérêts particuliers, peu importe, qui auraient poussé des chercheurs vers une autre direction, une autre maladie, un autre vaccin, et pas nécessairement pour de bonnes raisons.
Les logiques, plus ou moins partisanes, collectives, rationnelles, dissimulatrices et au service du pouvoir de la production de la science, me poussent légitimement à poser ces questions. Et voilà maintenant que les industries de biotechnologies mènent des luttes intestines pour nous fabriquer de multiples vaccins, alors que ce virus reste encore une énigme…
Enfin, qui a dit que l’argent n’avait pas d’odeur ? Bien sûr que si. Son odeur ici est de plus en plus géopolitique et économique. C’est maintenant l’argent qui « pense » la science ou, pour le dire autrement, c’est lui qui pousse de plus en plus les scientifiques, dans diverses disciplines, à faire la science, à la pratiquer comme il le veut, comme il l’entend, et à poser les questions comme il le pense[10]– NDLR : Lire notre « Trois questions à… » Roger Lenglet : « La recherche scientifique s’est laissée aliéner par l’argent », 22 avril 2021. .
Mehdi K. Benslimane
> Illustration de Une : Dessin de Adene (Anne Derenne)
> Tableau : « Galilée expliquant ses découvertes à l’université de Padoue » de Félix Parra / Wikicommons
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References
↑1 | – NDLR : Lire notre « Grand Entretien » avec Jean-Pierre Olivier de Sardan : « Il y a de multiples points de vue idéologiques sur le développement », 15 mars 2017. |
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↑2 | – Edward Saïd, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Seuil, 1980 [1978]. |
↑3 | – Pour l’actualité, je pense, par exemple en France, aux controverses, polémiques et attaques visant entre autres le professeur Didier Raoult. NDLR : Lire notre « Trois questions à… » Jacques Testart : « La gestion de l’urgence s’accorde mal avec la science », 29 avril 2020. |
↑4 | – On peut aussi construire des problématiques de recherche sur de mauvaises questions, donc sur de mauvaises bases. |
↑5 | – Nous vivons, selon moi, une tragédie démographique sans précédent sous le règne de la quantité. La procréation, devenue distraction, comme beaucoup d’autres distractions modernes, perd de son sens. C’est ce que j’appelle « l’ère de la distraction par la multiplication ». Voir Le penseur est mort. Vive le chercheur !, Paris, L’Harmattan, 2020. |
↑6 | – Hartmut Rosa, Accélération. Une critique sociale du temps, Paris, La Découverte, 2013. |
↑7 | – NDLR : Lire notre « Trois questions à… » Roland Gori : « La démocratie dans la recherche n’est pas pour demain », 27 septembre 2017. |
↑8 | – Abdelwahab M. Elmessiri, Epistemological Bias in the Physical and Social Sciences, Washington, IIIT, 2006. |
↑9 | – NDLR : Lire notre dossier spécial Covid-19. |
↑10 | – NDLR : Lire notre « Trois questions à… » Roger Lenglet : « La recherche scientifique s’est laissée aliéner par l’argent », 22 avril 2021. |
12 juillet 2021 à 12 h 45 min
Bonjour Rudy,
Je tiens à vous remercier tout d’abord de votre intérêt et de votre réaction. Nous partageons ensemble quelques idées. J’en suis ravi. Je suis agréablement surpris que ma réflexion, qui se situe plutôt du côté des sciences humaines et sociales, ait pu intéresser quelqu’un ayant entre autres intérêts l’évaluation et l’ingénierie décisionnelle, le cycle de vie, les sciences de l’environnement, etc. Je lirais avec intérêt les références suggérées. Aussi, je trouve bonne votre question : « Qui détermine l’orientation de la recherche et sur quelle base axiologique ? »
Vu l’espace limité qu’offre la tribune, le texte ne peut objectivement être explicite. Voici brièvement quelques réactions d’ensemble :
Les sciences sont faites par les scientifiques et ce sont ces derniers qui posent les questions ; d’ailleurs les hypothèses formulées dans les différentes disciplines ne sont rien d’autre que des réponses provisoires à des questions pour lesquelles on n’a pas a priori de réponses scientifiques. Je dis a priori car dans la pratique l’on sait bien que ce n’est pas comme ça que ça se pratique…
Bien sûr quand je dis : « les sciences posent-elles et (se) posent-elles …. ? » je sous-entend que ce ne n’est pas à LA science (ou aux sciences), comme entité désincarnée, d’être réflexive sur elle-même. Ce sont plutôt les humains qui la font qui sont censés l’être…
Votre question « Combien de bonnes questions… » me conduit à une réflexion : Pourquoi la question du « combien » prend le dessus sur la question du « comment » qui elle-même a pris le dessus sur la question du « pourquoi » ? La (post)modernité, nous dit-on, ne se pose plus la question du pourquoi qui serait d’ordre métaphysique, mais lui préfère désormais le… combien.
Plusieurs textes rappellent que le nombre (majoritaire) n’est pas toujours associé à la qualité, à des qualités, à des vertus…
Sur l’épistémologie : Dans Le penseur est mort vive le chercheur ! je prône une libération épistémo-méthodo-logique. Pour quelqu’un comme vous qui se dit entre autres « épistémophile libriste », – je ne me trompe pas j’espère – ce n’est pas rien. Je fais mienne une bonne partie de vos « bases axiologiques ». Quand je parle de l’esprit partisan de la science (qui esprit partisan des chercheurs scientifiques, moi compris), j’ai fait référence en note de bas de page à l’ouvrage fort intéressant de Elmessiri sur les biais épistémologiques, Epistemological Bias in The Physical and Social Sciences
L’épistémologie devrait aussi nous pousser, quel que soit la discipline considérée, à nous demander pourquoi l’on y pose collectivement telle ou telle question plutôt que d’autres.
Enfin, pour « Mehdi » K. Benslimane, j’ose espérer que ce ne soit pas un biais… nominal 🙂 🙂
Merci encore une fois
Bien cordialement
5 juillet 2021 à 11 h 19 min
Un point vue qui n’est pas sans intérêt, mais qui je trouve manque de points essentiels.
Avant tout je tiens à déclarer que je considère effectivement que beaucoup de recherches sont actuellement de “peu de valeur”, quelles sont mal posées et mal traitées (et je ne cause évidement que de mon champs d’étude, chacun parle pour ce qu’il connaît).
Je suis d’accord pour juger que la Recherche (ne confondons pas science et recherche, “les sciences” ne se posent pas de question) _ soit les chercheu·ses·rs _ ne se posent que marginalement les bonnes questions. Toutefois mon raisonnement est tout autre et peut-être même opposé (vous en jugerez).
* Il n’y a pas d’ordre intrinsèque à un espace vectoriel. Il y a une multitude de questions, en des directions variées. Elles sont ‘jugées’ bonnes ou mauvaises. J’ai pour bases axiologiques l’extension de l’épistémè et une forme de préservation de l’humanité et de son environnement sur un fond égalitariste. Quiconque vous donne des jugements sans en expliciter les fondements vous donne bien peu de choses.
* Qui détermine l’orientation de la recherche et sur quelle base axiologique (ces gens ne le feraient-ils pas pour Leur Bonnes Raisons ?)? Pour juger de “combien de bonnes questions” nous traitons et la part relative des bonnes dans toutes celles qui nous occupent, il faudrait en avoir une “quantification”. (ce qui arrivera difficilement en attaquant fallacieusement ou paralogiquement la quantification). Pour un démocrate ou une personne qui jugerait négativement les différences de potentiels au sein de communauté du fait des tensions induites et de leurs conséquence, il est effectivement désagréable que la recherche prenne une direction oligarchique.
* “Discipliné” vs “Conditionné”, le chercheur conditionné à des intérêts extérieurs ne manque-t-il pas au contraire de “discipline” scientifique pour traiter de son objet d’étude ?
* Quant à la critique de la quantification, j’invite Monsieur Benslimane à la lecture du chapitre Numbers and Preferences de “Evaluation and Decision Models with Multiple Criteria : Stepping stones for the analyst” http://www.sudoc.abes.fr/cbs/xslt/DB=2.1//SRCH?IKT=12&TRM=123110106
Mehdi aura peut-être comme moi la chance de changer de vision du “Nombre”. Et au passage, même si vous ne vous appelez pas Mehdi, méditez sur ce que signifie “qualitatif” (si vous n’avez pas d’accès, figurez vous l’usage d’une “échelle nominale” (https://datascience.eu/fr/mathematiques-et-statistiques/types-de-donnees-et-echelles-de-mesure-nominal-ordinal-intervalle-et-rapport/) et la valeur épistémique que vous accorderiez à une réponse singulière (unique) sur une telle échelle.
Pour nous poser les “bonnes” questions et y apporter de “bonnes” réponses, nous manquons je crois d’épistémologie.
Cdlt
Rudy