La société peut-elle supporter plus longtemps un tel rythme de l’innovation scientifique et technique ? A quel niveau faut-il plafonner les investissements pour que les conséquences écologiques, sociales et culturelles de l’innovation soient assimilables par la société ? Ces questions concernent tous les citoyens. Mais réduire le financement de la recherche, c’est menacer la principale église de notre temps. Réflexions sur la « crise » française.
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N
E TOUCHE pas à mon Sacré ! En 2005, les chercheurs français se sont mis en grève car, pour la première fois depuis soixante ans, paraît-il, le budget de la recherche publique avait été réduit de plusieurs milliards d’euros.
Il est probable que le gouvernement croyait qu’il ne faisait que prendre des mesures raisonnables d’économie budgétaire favorisant la maîtrise des déficits publics. Mais, ce faisant, il a pris un risque politique considérable car amputer les crédits de la Recherche Scientifique, c’est porter atteinte à une des valeurs sacrées de la société moderne.
En effet, que le progrès indéfini de la science et de la technique soit une nécessité, voilà une des rares croyances qui fait aujourd’hui l’unanimité.
Réduire le financement de la Recherche, c’est menacer la principale église de notre temps. Les réactions quasi unanimes du clergé scientifique montrent bien qu’elle s’est sentie menacée dans sa Mission sacrée. Une fois de plus, le Trône a fait l’expérience de ce qu’il peut en coûter de menacer l’Autel.
Aussi irrationnelles qu’elles soient, les croyances peuvent avoir plus de poids politique que la considération réaliste de la feuille d’impôt. La position du gouvernement était d’autant plus téméraire et fragile que, sur le fond, il adhère au Credo progressiste et n’avait rien de bien émouvant à opposer aux zélateurs de « l’ardente obligation » du progrès technoscientifique.
Réduire le financement de la Recherche, c’est menacer la principale église de notre temps.
Bien que par métier je fasse partie de la tribu des chercheurs, je ne suis pas convaincu que la réduction des crédits de la Recherche soit une si mauvaise chose. Je pense même qu’on pourrait la justifier par des arguments non plus économiques mais moraux et politiques.
Je les expose ici tout en sachant qu’il est peu probable que ni le parti qui est actuellement au gouvernement ni celui qui est dans l’opposition les fassent leurs. Quant à mes collègues chercheurs, ce n’est pas demain qu’ils renonceront au dogme de l’Augmentation Perpétuelle des crédits.
LA PUISSANCE DÉSORGANISATRICE
DE L’INNOVATION
La raison pour laquelle il me semble que la baisse des crédits de la recherche ne serait pas une si mauvaise chose, c’est que le déferlement des innovations technoscientifiques, qui bouleverse de plus en plus vite et de plus en plus profondément notre monde, n’est pas une bonne chose.
Dans le seul domaine de la chimie[1]− NDLR : Lire notre “Grand Entretien” avec Joël Spiroux de Vendômois, « Le XXIème siècle doit devenir le siècle de l’hygiène chimique », 10 juin 2016. / , nous avons mis au point et diffusé dans l’environnement des milliers de molécules nouvelles et dont nous ne savons pas quel est l’effet combiné à long terme. L’innovation scientifique et technique est une véritable bombe à retardement.
Le rythme de cette folle course en avant n’est pas soutenable. Ce n’est pas bon pour l’environnement et le prix que nos descendants auront à payer. Parce que, depuis 1945, les générations aux commandes ont refusé – au nom du culte du progrès – de prendre en compte les limites environnementales de la croissance. Ce prix, donc, risque d’être bien plus élevé que tous les bénéfices que nous croyons pouvoir tirer de cette croissance.
Cette course en avant n’est pas bonne non plus pour la société, car le changement technoscientifique accéléré affecte désormais toutes les dimensions de l’existence humaine. Non seulement la production de biens et de services consommables mais la vie sociale qui, elle aussi, est complètement bouleversée dans toutes ses dimensions.
L’innovation scientifique et technique est une véritable bombe à retardement.
Nous vivons désormais dans la société du changement, dans laquelle l’art de gouverner s’apparente de plus en plus à celui d’un skieur virevoltant sur une avalanche dont il ne maîtrise ni la vitesse ni la direction. On s’en félicite à Droite comme à Gauche, en oubliant que l’on a créé ainsi une situation fort dangereuse et qui devient souvent explosive, au propre comme au figuré.
En effet, ce qu’aujourd’hui nous appelons « le Développement » engendre non seulement des risques écologiques et technologiques, mais aussi une désorganisation culturelle qui, dans notre univers technicisé, constitue un facteur de risque largement sous-estimé.
Partout dans le monde, la rapidité du changement économique et technique a eu pour effet le bouleversement en profondeur des sociétés et des modes de vie. Nos repères culturels, nos manières d’envisager l’avenir, de comprendre notre identité, de penser, de vivre ensemble, de communiquer, d’aimer et d’avoir des enfants, de les éduquer, etc., tout est constamment remis en cause.
Le processus de création-destruction, qui est une des conditions essentielles du dynamisme technoscientifique et industriel, a aussi pour effet la désintégration des modèles symboliques qui organisent l’existence et qui, par exemple, font obstacle à nos pulsions violentes. Le contact avec la puissance sans précédent de la technique moderne suscite non seulement la frustration et le ressentiment mais aussi la disqualification des traditions spirituelles et des modèles éthiques et symboliques.
Le développement est un terreau sur lequel la violence et le terrorisme semblent prospérer.
L’histoire du XXème siècle montre abondamment comment il a résulté de cette condition toutes sortes de névroses individuelles et collectives, de perte de sens, de perversion des valeurs et des traditions spirituelles. Le développement est un terreau sur lequel, parmi d’autres fleurs vénéneuses, la violence et le terrorisme semblent prospérer.
Non seulement il est illusoire de croire que la poursuite du changement économique et technique accéléré contribuera à l’établissement d’une fraternité universelle et de la démocratie, mais, au contraire, nous pouvons être certains qu’il nourrit diverses pathologies sociales et politiques fort dangereuses. D’autant que nous vivons désormais dans un univers technologique que sa complexité rend particulièrement vulnérable aux tentatives de déstabilisation.
POUR UNE DÉSINDUSTRIALISATION
DE LA RECHERCHE
C’est pourquoi, la transformation de la recherche en véritable industrie, avec ses armées de travailleurs enrôlés pour la course à l’innovation technoscientifique, ne peut pas être à terme une bonne chose pour la liberté[2]− NDLR : Lire la tribune libre de Simon Charbonneau, Religion de la technoscience, 30 avril 2016. / , y compris pour la liberté de l’esprit, indispensable au progrès de la science elle-même.
Pendant longtemps, nous avons pu ignorer les coûts indirects du développement. Mais, lorsque les tendances à la vulnérabilité environnementale et technologique et à la fragilisation des repères symboliques finissent par converger, alors le monde devient un endroit dangereux à vivre et il sera très difficile de limiter les risques inhérents à cette situation.
Pour le moment, on ne sait pas fabriquer les ressources culturelles symboliques et l’adoption de solides repères éthiques s’effectue à un rythme beaucoup plus lent que leur destruction par le changement permanent de l’environnement technique et économique.
Vivre dans un monde constamment recomposé par une innovation galopante requiert que l’on impose à la Recherche un rythme beaucoup plus lent.
Il est donc difficile d’imaginer que la création de normes culturelles efficaces puisse s’effectuer sans un sérieux ralentissement du développement techno-économique. Or, manifestement, nous ne sommes pas prêts à accepter cette éventualité.
Il ne reste alors qu’une seule voie pour assurer la sécurité, voie qui est bien plus dans la veine de l’état d’esprit moderne. Elle consisterait à développer le contrôle social jusqu’au même niveau où nous avons développé notre puissance technique d’agir sur la matière. Comme l’écrivait Bernard Charbonneau : « Plus la puissance grandit, plus l’ordre doit être strict. »[3]− Bernard Charbonneau, Le système et le chaos, p. 449, Economica, Paris, 1987. /
Aujourd’hui, nos techniques de contrôle social sont loin d’être au niveau du potentiel destructeur de nos techniques matérielles et énergétiques.[4]− NDLR : Lire la tribune libre d’Alain Gras, Qu’est-ce que le progrès technique ?, 20 août 2015. / Afin d’obtenir la sécurité, nous pouvons consacrer nos forces à surmonter le décalage entre puissance et contrôle.
Mais, s’il n’est pas du tout certain que cette tâche énorme pourra être menée à bout, il est par contre très probable qu’elle ne pourra être entreprise qu’aux dépens de la liberté individuelle et de la libre créativité scientifique, comme Aldous Huxley nous en avertissait dès 1932.[5]− Aldous Huxley, Brave New World (en français : Le Meilleur des mondes), Chatto & Windus, Londres, 1932. /
Le progrès scientifique est un des moteurs de ce déferlement d’innovations qui favorise la désorganisation environnementale, sociale et culturelle de notre monde. Il n’est pas imaginable d’en maîtriser un tant soit peu les effets tant qu’on laisse la Recherche se déployer en véritable industrie, dont les milliers de chercheurs produisent un flot de résultats qu’on s’acharne à opérationnaliser de toutes les manières possibles.
Plus la puissance grandit, plus l’ordre doit être strict.
L’élaboration des repères culturels nécessaires pour vivre dans un monde constamment recomposé par une innovation galopante requiert que l’on impose à la Recherche un rythme beaucoup plus lent. Une désindustrialisation de l’activité scientifique serait donc une bonne chose.
Le moyen le plus efficace – et en le refusant nos grévistes reconnaissent implicitement que c’est un moyen réaliste –, ce serait d’avoir moins de chercheurs et donc de réduire le budget de la Recherche, en France et partout ailleurs.
PRENDRE SON TEMPS
POUR DIGÉRER L’INNOVATION
Que l’on ne brandisse pas l’épouvantail de la stagnation. Nous ne sommes plus au XVIIème siècle ! Consacrer nos énergies à résoudre la multitude de problèmes engendrés par un développement technoscientifique trop rapide pour être socialement et écologiquement assimilable, ce ne serait pas stagner. Ce serait plutôt un vrai progrès, dont nous avons un besoin urgent.
Au terme de deux siècles d’innovation accélérée, nos sociétés sont confrontées à toutes sortes de problèmes que nous n’avons pas encore appris à maîtriser. Inutile d’accélérer encore pour en créer de nouveaux ! La priorité aujourd’hui serait plutôt de ralentir, de prendre le temps de faire le point et de remettre un peu d’ordre.
Il est urgent de résoudre, sur des bases morales et politiques, les problèmes sociaux et environnementaux créés par deux siècles de progrès technoscientifique et industriel accéléré.
Contrairement à ce que l’on entend souvent, il est plus urgent de résoudre, sur des bases morales et politiques, les problèmes sociaux et environnementaux créés par deux siècles de progrès technoscientifique et industriel accéléré, que d’en créer de nouveaux en stimulant une innovation dont les effets indirects et à long terme sont si difficilement prévisibles.
S’imaginer qu’un surcroît d’innovation scientifique et technique constitue la solution, cela revient à vouloir courir toujours plus vite pour ne pas tomber. L’humanité a mis au point suffisamment de procédés efficaces. Il faut maintenant prendre son temps pour les digérer.
Bien entendu, ralentir ne veut pas dire pour autant arrêter toute recherche[6]− NDLR : Lire la tribune libre de Philippe Godard, Ce monde qui n’est plus le nôtre, 31 mai 2015. / , car le progrès des technosciences[7]− NDLR : Lire la tribune libre de Joël Decarsin, Impasse de la technoscience, 29 septembre 2015. / a eu ce résultat paradoxal que nous sommes condamnés à la Recherche qui d’exploration libératrice est devenue activité contrainte, imposée par la force des choses.
Pour reprendre l’exemple précédent de la chimie, maintenant que le progrès technoscientifique a débouché sur la dissémination incontrôlée d’une multitude de molécules, tout nous pousse à financer la recherche en cancérologie et en biologie moléculaire, dont les retombées futures risquent à leur tour d’avoir des effets désorganisateurs.
La dissémination incontrôlée d’une multitude de molécules nous pousse à financer la recherche en cancérologie et en biologie moléculaire, dont les retombées futures risquent à leur tour d’avoir des effets désorganisateurs.
Des auteurs, comme Bernard Charbonneau et Jacques Ellul, ont depuis longtemps souligné la dimension systémique de notre univers technoscientifique, qui nécessite lui-même sa propre croissance. Il serait donc utopique de prétendre sortir d’un coup de ce cercle vicieux.
Nous avons, certes, besoins de recherches pour mieux comprendre et réparer les effets du développement technoscientifique. Mais, une chose est sûre : ce n’est pas en continuant à appuyer sur l’accélérateur de la Recherche et Développement technoscientifique que nous pourrons négocier sans casse un changement de direction.
UN ENJEU DÉMOCRATIQUE
Il est donc probable que, tôt ou tard − et le plus tôt serait le mieux −, la gravité des problèmes sociaux et environnementaux qui résultent du déferlement technologique contemporain sera telle que nous serons bien obligés de réduire les crédits de la Recherche-Développement.
Mais, ce sera pour de tout autres raisons qu’en 2005. Il serait souhaitable que ce soit l’occasion d’un véritable débat sur les finalités sociales de la Recherche et les priorités de son financement.[8]− NDLR : Lire la tribune libre de Jacques Testart, Pourquoi et comment être critique de science ?, 16 février 2015. /
L’entreprise sera difficile, car elle va à l’encontre du dogme de l’Immaculée Conception de la Science, selon lequel, les vérités scientifiques étant conçues sans péché, elles sont toutes bénéfiques. De sorte que la sainteté de la Recherche ne peut être diminuée par les usages que le Monde en fait et que ce n’est pas aux ignorants de discuter de l’emploi des fonds – toujours insuffisants – qui lui sont alloués.
Le clergé scientifique évite tout débat public sur les orientations et l’ampleur du budget de la recherche.
Pourtant, il ne peut y avoir de Recherche et Développement sans commerce suspect avec l’argent. Si les États financent la Recherche, c’est d’abord parce qu’elle produit de la Puissance. N’oublions pas qu’en France le Ministère de la Recherche est aussi celui de l’Industrie et qu’un tiers du budget de la recherche est consacré à des développements militaires.
Aussi, pour se purifier de cette cohabitation un peu embarrassante, les Grands Prêtres du Progrès scientifique ont-ils forgé la notion de « valorisation de la recherche », opération surnaturelle qui permet d’expliquer que l’Esprit peut se transformer en Espèces tout en gardant sa pureté désintéressée.
Ainsi, l’invocation de cette nouvelle version du mystère de la Transsubstantiation permet-elle au clergé scientifique d’éviter tout débat public sur les orientations et l’ampleur du budget de la recherche.
Les politiques de Recherche et Développement sont définies hors de tout contrôle démocratique.
Daniel Sarewitz[9]− Daniel Sarewitz, Frontiers of Illusion, p. 235, Temple University Press, Philadelphia, 1989. / a montré comment les politiques de Recherche et Développement sont définies hors de tout contrôle démocratique par l’establishment technico-scientifique.
Or, bien qu’elles soient présentées au public comme allant de soi, ces orientations, qui se traduisent par des prélèvements fiscaux, ne font que traduire des représentations particulières, fondées sur des croyances − parfois intéressées − quant à l’utilité sociale de telle ou telle recherche.
Mais, est-il plus conforme à l’utilité sociale d’affecter les ressources du contribuable au financement de l’informatisation de la société[10]− NDLR : Lire la tribune libre du collectif Pièces et Main-d’Oeuvre (PMO), « Les deux cultures » ou la défaite des humanités, 25 septembre 2016. / et à l’analyse moléculaire du génome humain plutôt qu’à des programmes de recherche en santé publique ? Est-il plus conforme au bien public d’investir des sommes immenses dans la recherche spatiale plutôt que dans la prévention de la vulnérabilité de nos sociétés aux changements climatiques ?
Plus fondamentalement, à quel niveau faut-il plafonner les investissements, tant en formation qu’en Recherche-Développement, pour que les conséquences écologiques, sociales et culturelles de l’innovation soient assimilables par la société ?
Ces questions concernent tous les citoyens. Ne serait-ce que parce qu’à terme elles changent leur mode d’être ensemble, leur rapport au monde, ou même la représentation qu’ils se font de leur identité.
Qui doit en décider ? Puisque les citoyens financent la recherche, il serait conforme à l’idéal démocratique des Lumières qu’ils aient leur mot à dire sur le rythme et les orientations de celle-ci.
Puisque les citoyens financent la recherche, il serait conforme à l’idéal démocratique des Lumières qu’ils aient leur mot à dire.
Sinon, il faut proclamer clairement qu’au nom de la sainteté de la Science et du futur radieux qu’elle prépare, les idéaux démocratiques sont désormais obsolètes.
Aujourd’hui, ni la Droite ni la Gauche ne sont prêtes à envisager un tel débat sacrilège. Et ce n’est pas le Sacré Collège des Chercheurs qui prendra les devants. Nous ne sommes toujours pas modernes.
Daniel Cérézuelle
> Dessin d’ouverture : Andy Singer
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References
↑1 | − NDLR : Lire notre “Grand Entretien” avec Joël Spiroux de Vendômois, « Le XXIème siècle doit devenir le siècle de l’hygiène chimique », 10 juin 2016. / |
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↑2 | − NDLR : Lire la tribune libre de Simon Charbonneau, Religion de la technoscience, 30 avril 2016. / |
↑3 | − Bernard Charbonneau, Le système et le chaos, p. 449, Economica, Paris, 1987. / |
↑4 | − NDLR : Lire la tribune libre d’Alain Gras, Qu’est-ce que le progrès technique ?, 20 août 2015. / |
↑5 | − Aldous Huxley, Brave New World (en français : Le Meilleur des mondes), Chatto & Windus, Londres, 1932. / |
↑6 | − NDLR : Lire la tribune libre de Philippe Godard, Ce monde qui n’est plus le nôtre, 31 mai 2015. / |
↑7 | − NDLR : Lire la tribune libre de Joël Decarsin, Impasse de la technoscience, 29 septembre 2015. / |
↑8 | − NDLR : Lire la tribune libre de Jacques Testart, Pourquoi et comment être critique de science ?, 16 février 2015. / |
↑9 | − Daniel Sarewitz, Frontiers of Illusion, p. 235, Temple University Press, Philadelphia, 1989. / |
↑10 | − NDLR : Lire la tribune libre du collectif Pièces et Main-d’Oeuvre (PMO), « Les deux cultures » ou la défaite des humanités, 25 septembre 2016. / |
20 avril 2018 à 21 h 23 min
J aime l approche democratique qui vise a permettre aux populations de choisir les projets scientifiques a soutenir. Cela implique une transparence des debats publics ainsi que la primaute des dits debats dans les medias nationaux finances par nos impots.
Il faut en parallele imposer les grandes entreprises pour remettre entre les mains des populations le sceptre de la Democratie et l avenir du Vivant que cette meme Democratie est censee servir.
1 février 2017 à 1 h 00 min
Article spécieux. C’est plutôt le contraire. Si le consumérisme est effectivement un peu excessif, la science nous émancipe un peu chaque jour dans le monde (en moyenne) et nous sort de ses approximations premières (le charbon, les molécules dangereuses). C’est la malbouffe qui freine encore la santé, peu la science. La freiner c’est reculer.
27 janvier 2017 à 18 h 02 min
Bonjour,
Des cours en licence de biologie (bac +3) enseignent déjà que ce qui sort de la recherche est du ressort des politiques pour ce qui est d’encadré l’utilisation de la production scientifique. Reprenons votre exemple des molécules potentiellement dangereuses, lisez donc l’article du monde (1) à propos de la loi européennes sur les perturbateurs endocriniens, dans ce cas et comme souvent ce sont les scientifiques qui alertent du danger.
Restreindre leur budget, n’aura comme effet que d’augmenter la compétition entre eux et ne fera qu’accentuer le problème que vous décriez, en les poussant à sacrifier l’éthique sur l’autel de “l’excellence scientifique” avec laquelle l’on nous rabâche déjà les oreilles depuis des années. Je suis curieux de voir ce qu’il va se passer en restreignant encore un peu plus les budgets: est-ce le laboratoire qui étudie le comportement des chimpanzés en sociétés, ce qui apporte de la connaissance pure ou le laboratoire qui développe une nouvelle molécule (potentiellement dangereuse) contre l’impuissance sexuelle, qui fermera ? La réponse tout le monde la connaît sauf vous apparemment.
Non seulement vous ne faites qu’effleurer le problème mais en plus la solution que vous prônez ne ferait que l’accentuer.
1_ http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/12/20/perturbateurs-endocriniens-le-cadeau-discret-mais-majeur-aux-lobbys-des-pesticides_5051771_3244.html
27 janvier 2017 à 16 h 25 min
Bonjour,
Article intéressant, mais vous vous trompez de cible. Comme le souligne Grég, vous confondez, comme Jacques Testart d’ailleurs, progrès scientifique et progrès technologique, science et technoscience. Votre article propage de plus une vision assez restrictive des “sciences” qui n’inclut pas les sciences humaines et sociales.
La science est avant tout une méthode de lecture et de décryptage du monde qui nous entoure. Elle conduit à une meilleure compréhension de ce monde et nous fournit des outils puissants d’analyse de phénomènes complexes, basés sur l’analyse des faits et non sur des opinions et croyances. En ces temps où ces dernières semblent prendre le pas sur l’analyse rationnelle des faits, dire que la recherche scientifique doit être ralentie reflête surtout votre incompréhension de ce qu’est la science. Paradoxal et surprenant pour un chercheur!
On peut par contre raisonnablement se demander si la poursuite à marche forcée du “progrès” technologique est une nécessité, quelles sont les règles éthiques qui doivent l’encadrer, et qui doit décider de ces règles. Le budget R&D combiné de Google, Amazon, Facebook, Apple est actuellement supérieur au budget de recherche civile d’un pays comme la France, et la finalité de ces entreprises est clairement de transformer la société au plus vite, de manière la plus rentable possible pour eux… Cet investissement privé massif dans des recherches appliquées à court terme, qui a peu de chance d’explorer leurs conséquences à long terme, est exactement ce qui devrait vous inquiéter, d’autant qu’il est assez illusoire d’imaginer que ce processus puisse-être régulé.
Le seul rempart est une recherche publique forte, indépendante de tout lobby industriel, capable d’interoger et anticiper les conséquences de l’Intelligence Artificielle, du dérèglement climatique, etc. et ce par des approches combinant sciences dures, et sciences humaines et sociales.
Alors oui, il y a un problème de contrôle démocratique du progrès technologique; oui, il y a un déficit de culture scientifique dans nos démocraties (quoi qu’en pense Pièce et Main d’oeuvre); mais non, ce n’est pas en affaiblissant la recherche publique que vous y remédierez.
A propos des recherches sur le climat, Barack Obama a dit que les scientifiques doivent être écoutés quand ce qu’ils disent dérange, surtout quand cela dérange. Les scientifiques publics sont un des rares contre-pouvoir aux conceptions à court terme du monde industriel. Vous proposez d’affaiblir ce contre-pouvoir. Donald Trump aimerait décidément beaucoup votre tribune!
27 janvier 2017 à 15 h 12 min
Bonjour,
Docteur en Sciences ayant travailler dans la recherche fondamentale, je suis d’accord avec le commentaire précédent, votre texte ne parle pas ou pas assez de la recherche fondamentale dont il n’y a pas d’objectifs commerciaux, et qui manque beaucoup plus de moyen que la recherche appliquée!
Je ne nie pas que cette dernière est probablement trop rapide et irréfléchie sur le long terme dans certains domaines sensibles, mais je trouve vraiment dommage de couper l’herbe sous le pied de la recherche fondamentale au nom du ralentissement de l’autre…
13 janvier 2017 à 20 h 26 min
Daniel Cérézuelle,
Vous confondez science (méthode d’acquisition de connaissance et somme de ces connaissances) et technologie (production d’outils pouvant faire appel aux connaissances scientifiques). La science est la création de connaissances, pas leur utilisation, qui elle dépend de choix de sociétés. Un ordinateur fonctionne grâce à des connaissances, entre autre, sur l’électricité et la conductivité des métaux, mais c’est un outil que l’on peut fabriquer ou non, utiliser ou non.
Le problème soulevé par les scientifiques n’est pas tant une baisse des crédits à proprement parlé, mais des crédits récurrents (renouvelé chaque année) du fait de :
-le crédit impôt recherche, une réduction d’impôt accordée aux entreprises qui investissent en recherche et développement. Celle-ci ce fait au détriment de la recherche fondamentale qui pourrait être financée avec cet argent (plusieurs milliards). On peut effectivement se demander si il est bien raisonnable de faire un tel crédit aux entreprises pour leur R&D (et donc développement technologique).
-la mise en place d’un financement par appels d’offre sensés orienter la recherche. Cela se traduit en fait par des dépenses supplémentaires dans le système d’évaluation (gestion des dossiers, indemnisation d’évaluateurs extérieurs) et un temps considérable à rédiger les appels d’offres plutôt que de faire de la recherche.
Il peut paraitre que les recherches en santé publique et sur le changement climatique semble être prioritaires. Cependant l’étude du génome humain pourrait apporter des réponses aux questions de santé publique, et des recherches en physique permettre de mieux comprendre le fonctionnement de notre planète et donc comment lutter contre le réchauffement climatique. Il ne faut pas non plus négliger les sciences sociales qui peuvent apporter des avancée dans le fonctionnement de nos sociétés (méthodes d’éducation, systèmes d’organisation réellement démocratique).
Par définition, en recherche fondamentale, on ignore ce qui va être trouvé, donc si cela pourra être appliqué ou non (technologie). L’utilisation rapide, voir effrénée de nouvelle découvertes, sans envisager les éventuelles conséquences négatives est malheureusement humain. Ce comportement est mis en exergue dans un système capitaliste où la règle d’or est de produire “plus le plus vite et le moins cher possible”. Ce système, ni la Droite ni la Gauche, sauf à son extrémité, ne le remettent en cause. “Innovation” est le nouveau terme à la mode en politique lorsqu’ils parlent de recherche, mais encore une fois, ce qui n’est pas le but de la recherche (création de connaissances). Les connaissances peuvent nous conduire à ne plus utiliser une technologie donnée (jugée dangereuse, inutile ou contre-productive), à faire autrement ou à mieux utiliser des méthodes existantes. L’utilisation d’une nouvelle technologie devrait faire l’objet d’études d’impact le plus objectif possible et d’un débat public.
Prendre le temps oui, mais ce n’est pas en coupant les crédits aux sciences dont nous avons le plus besoin (climatologie, écologie) que les choses s’amélioreront.
Les chercheurs ont aussi une mission de transmission des connaissances au peuple, juste retour de leurs impôts, qui devraient l’aider à faire les meilleurs choix de société possible. De ce point de vue, il semble que de ce côté là les crédits manquent fortement.