L’Organisation mondiale de la santé considère que les problèmes liés à l’usage des réseaux sociaux et des jeux vidéo par les adolescents sont en progression. Les industriels du numérique sont notamment pointés du doigt.
Le 28 novembre dernier, le Sénat australien a voté une loi interdisant l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 16 ans. Dans ce domaine, les élus du pays-continent sont en accord avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le 22 septembre 2024, l’agence des Nations unies a publié une étude consacrée à l’utilisation des réseaux sociaux et des jeux vidéo par les adolescents.
Entre autres conclusions, ses auteurs notent que « les preuves de l’augmentation des problèmes liés aux réseaux sociaux indiquent qu’il est urgent que les pays et les régions envisagent de renforcer les mesures d’accès et de réglementation pour les jeunes. »
Les chiffres du rapport sont issus de l’étude « The Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) study 2021/2022 », une grande enquête que l’OMS mène tous les quatre ans auprès des écoles. Des adolescents âgés de 11, 13 et 15 ans résidant dans 44 pays et régions d’Europe, d’Asie centrale et du Canada ont répondu à un questionnaire afin d’évaluer leur rapport au numérique.
LE NOMBRE D’« UTILISATEURS PROBLÉMATIQUES » EN HAUSSE
En premier lieu, l’étude met en évidence que 36 % de ces jeunes ont des échanges en ligne quasiment en permanence, avec une prédominance de ce comportement chez les jeunes femmes de 15 ans (44 %) par rapport aux autres populations.
Par ailleurs, quelque 11 % des adolescents ont été classés comme « utilisateurs problématiques des réseaux sociaux », 32 % « utilisateurs intensifs », 44 % « utilisateurs actifs » et 12 % « utilisateurs non actifs ». Par rapport à la HBSC survey 2017/2018, le nombre d’« utilisateurs problématiques » est en hausse de 4 %. Les auteurs remarquent que les adolescents de 13 ans sont les plus représentés dans cette catégorie.
Les positions de l’Organisation mondiale de la santé sont plus fermes qu’à l’accoutumée.
En matière de jeux vidéo, un tiers des jeunes interrogés jouent tous les jours et 22 % plus de quatre heures par jour. En comparaison de la précédente enquête, les chiffres augmentent également : 68 % des adolescents sont considérés comme « joueurs non-problématiques » (contre 61 % en 2018) et 12 % comme « joueurs problématiques » (contre 10 % en 2018). Les taux sont plus élevés chez les garçons (74 % de « non-problématiques » et 16 % de « problématiques ») que chez les filles (respectivement 63 % et 7 %). Les enfants de 11 ans affichent le plus haut pourcentage de « joueurs problématiques » (14 %).
« L’INDUSTRIE DEVRAIT ÊTRE
TENUE POUR RESPONSABLE »
Ces résultats poussent les rapporteurs de l’OMS à des positions plus fermes qu’à l’accoutumée. Ils demandent aux pouvoirs publics de prendre des mesures de régulation des réseaux sociaux et d’éducation auprès des jeunes publics. « Les adolescents doivent comprendre comment équilibrer leurs activités en ligne avec leurs activités hors ligne », précisent-ils. Les parents, les professeurs et les politiques doivent aussi être sensibilisés aux signes − et aux conséquences sociales et sanitaires − d’un usage trop important des écrans[1]− Écouter notre émission de web-radio : Quelle politique numérique pour la France ?, 17 avril 2017..
Les auteurs du rapport pointent, enfin, le rôle des entreprises du numérique. « L’industrie devrait être tenue pour responsable de la surveillance et de l’application des restrictions d’âge officielles pour les plates-formes de réseaux sociaux (13 ans ou plus) et des jeux avec certaines limites d’âge. »[2]− Lire notre Impromptu : Meta accusé de mettre en danger la santé des plus jeunes, 6 mars 2024. Ils ajoutent : « Elle devrait aussi être dissuadée de recourir à des incitations telles que des mécanismes de récompense intensifs. »
Mathieu Dejeu, journaliste / Sciences Critiques.
References
↑1 | − Écouter notre émission de web-radio : Quelle politique numérique pour la France ?, 17 avril 2017. |
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↑2 | − Lire notre Impromptu : Meta accusé de mettre en danger la santé des plus jeunes, 6 mars 2024. |
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