Nucléaire, énergies renouvelables, transition et mix énergétiques, etc. Cause principale du dérèglement climatique en cours, l’exploitation des ressources d’énergie fossile (pétrole, charbon et gaz) est à terme condamnée. Quelles sont, d’après les candidat-e-s, les solutions alternatives concrètes et durables à mettre en œuvre, dès la prochaine mandature, pour répondre aux enjeux que pose déjà une consommation énergétique française et mondiale grandissante ?
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> Écoutez notre émission de web-radio consacrée au thème de l’énergie dans la campagne présidentielle (51’44), avec :
– Romain Grandjean, ingénieur-projet pour l’association Shift Project
– Arthur Keller, ingénieur de formation, spécialiste des limites du système pour l’association Adrastia
Présentation : Céline Moncel / Réalisation : Benjamin de Radio Chez Watt et Gautier Demouveaux / Génériques : Léa Bussek
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I
MPOSSIBLE d’évoquer l’énergie sans évoquer le nucléaire et son avenir. Une énergie nucléaire[1]− Lire la tribune libre d’Olivier Rey, Nuclear Manœuvres in the Dark, 17 mars 2016. / qui s’est à nouveau invitée au cœur de la campagne électorale avec la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin). Le nucléaire est l’un des principaux points de désaccord entre les candidats.
Il y a, d’abord, ceux qui sont partisans de l’atome, les convaincus, comme François Fillon, qui est opposé à la fermeture des centrales existantes, ou encore Jacques Cheminade, qui appelle de ses vœux le passage à la quatrième génération de réacteurs et à la fusion thermonucléaire contrôlée. Un avis partagé également par Nicolas Dupont-Aignan, qui veut, lui, développer une filière nucléaire du XXIème siècle, avec notamment le développement des centrales au thorium.
De son côté, Marine Le Pen, qui s’était prononcée pour une sortie du nucléaire en 2012, a changé d’avis, et souhaite conserver le nucléaire, tout en accélérant la transition énergétique.
Et puis, il y a les opposants au nucléaire : Jean Lassalle, Philippe Poutou, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Ces deux derniers candidats ont d’ailleurs repris, dans leurs programmes, le scénario « Négawatt » : le passage à 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050, parallèlement à la mise en place d’une politique de sobriété énergétique et de rénovation thermique des bâtiments.
Du côté d’Emmanuel Macron, la question n’est pas tranchée sur l’abandon, ou non, du nucléaire, même si le candidat d’En Marche souhaite augmenter la part des énergies renouvelables.
Derrière ce terme des énergies renouvelables se cachent beaucoup de choses : l’éolien, le solaire, les énergies marines, l’hydrogène, etc. Tout le monde est pour, tout le monde veut en faire plus. Pourtant, dans les faits, ce n’est pas si évident…
Prenons l’éolien, sujet très clivant. Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron veulent développer les énergies éoliennes. Marine Le Pen réclame, quant à elle, un moratoire. Et d’autres, comme Jacques Cheminade ou Nicolas Dupont-Aignan, sont contre.
Une critique qui revient souvent quand on évoque les énergies renouvelables, c’est leur intermittence et l’absence de moyens de stockage. Sur cette question, c’est Marine Le Pen qui se démarque, puisqu’elle parle, dans son programme, de développer la filière hydrogène, qui pourrait, à terme, être en capacité de stocker ces énergies.
Autre piste, enfin, mise en avant par plusieurs candidats, les énergies marines. Une piste préconisée notamment par Jacques Cheminade et Jean-Luc Mélenchon, qui souhaite investir dans l’économie de la mer.
> Découvrez dans le tableau récapitulatif ci-dessous les positions et les propositions des candidat-e-s concernant l’énergie :
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Les candidat-e-s à l’élection présidentielle 2017 | Leurs positions et propositions concernant l’énergie |
![]() (Lutte Ouvrière) |
• « Aucune technique n’est mauvaise. Le plus urgent est de sortir de la loi du marché » • Fixer une planification énergétique • Imposer des mesures coercitives aux entreprises polluantes • Imposer une recherche entièrement possible |
![]() (Union Populaire Républicaine) |
• Organiser un débat national sur l’énergie, suivi d’un référendum sur les méthodes de production et les procédés de sobriété énergétique • Aller vers des constructions passives et promouvoir la rénovation énergétique des bâtiments • Fixer une taxe verte sur les importations • Réduire la dépendance aux hydrocarbures • Garantir l’indépendance des chercheurs qui travaillent sur le climat et l’énergie • Favoriser les projets-pilotes |
![]() (Solidarité et Progrès) |
• Faire passer le nucléaire aux centrales de 4ème génération, mais surtout aux réacteurs au thorium et à la fusion contrôlée • Interdire l’exploitation des gaz de schiste • Favoriser le solaire thermique pour la production de chaleur • Abandonner l’éolien • Organiser des interventions consacrées à chaque source d’énergie dans les collèges et les lycées |
![]() (Debout la France) |
• Réaliser des économies d’énergies avec un prêt à taux zéro pour l’isolation des bâtiments, un bonus écologique pour les véhicules, et un budget pour le renouvellement du parc automobile • Développer les énergies renouvelables et le stockage • Abandonner l’éolien • Développer la bio-masse • Faire émerger des réacteurs au thorium • Nationaliser EDF et la fusionner avec Engie |
![]() (Les Républicains) |
• Revoir les mécanismes du système communautaire d’échange de quotas d’émission, adapter le marché de l’électricité, gérer EDF selon la stratégie de l’État actionnaire • Prolonger l’utilisation des centrales nucléaires, consolider la filière, favoriser la recherche sur les réacteurs de 4ème génération, développer les petits et les moyens réacteurs • Fixer un objectif d’une électricité 0 % carbone le plus vite possible • Supprimer les obligations d’achat pour les énergies renouvelables, privilégier les appels à projets pour les grosses unités, autoriser l’auto-consommation • Dans la construction, inciter par le crédit d’impôt et le prêt à taux zéro • Favoriser le développement des véhicules propres |
![]() Benoît Hamon (Parti Socialiste) |
• Non au gaz de schiste • Sortie du nucléaire en 25 ans • 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050 (scénario « NégaWatt ») • Fermeture des réacteurs nucléaires en fin de vie durant le quinquennat • Favoriser les économies d’énergie • Accompagner les salariés avec des contrats de transition énergétique • Encourager le financement participatif des énergies renouvelables • Développer la recherche sur le stockage et les sciences humaines appliquées à l’énergie • Aider le passage à l’échelle industrielle des innovations • 100 milliards d’euros pour la rénovation urbaine et thermique |
![]() Jean Lassalle (Indépendant) |
• Mettre au service de la transition énergétique les moyens consacrés aujourd’hui à la « dérégulation » et la privatisation de l’énergie afin que les énergies renouvelables prennent rapidement le relais • La commune doit retrouver sa liberté de décision sur tous les sujets d’intérêt local |
![]() (Front National) |
• Non au gaz de schiste • Conserver les centrales nucléaires, mais passer rapidement aux énergies renouvelables • Amorcer un moratoire sur l’éolien • Pousser la géothermie et les incinérateurs • Encourager la recherche sur l’hydrogène afin de concevoir des véhicules propres • Se libérer de la pression de l’Europe et imposer l’État comme échelon de décision de la politique énergétique |
![]() (En Marche !) |
• Non au gaz de schiste • Un objectif de 100 % d’énergie décarbonée en 2050 • Attendre le rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire pour prendre une décision sur le nucléaire • Lever les barrières administratives pour les énergies renouvelables et proposer des appels d’offres annuels • Plus de véhicules à énergie fossile d’ici 2040 • Un plan de 15 milliards d’euros pour la transition écologique • Un plan pour la rénovation des bâtiments publics de 4 milliards d’euros. Profiter de ces rénovations pour tester de nouvelles technologies • Développement des centrales de méthanisation et de bio-gaz d’origine agricole |
![]() (La France Insoumise) |
• Non au gaz de schiste • Sortir du nucléaire et employer le budget du « grand carénage » pour soutenir les énergies renouvelables • 100 % d’énergies renouvelables en 2050 (scénario « NégaWatt ») • Lancer un plan de rénovation des bâtiments • Créer un pôle public de l’énergie • Impliquer les citoyens dans les choix de politique énergétique • Soutenir la recherche sur les énergies marines et sur le démantèlement des centrales nucléaires |
![]() (Nouveau Parti Anticapitaliste) |
• Arrêter la suppression des emplois dans les services publics • La gratuité des transports • Créer un service public de l’énergie afin de sortir du nucléaire et des énergies fossiles le plus vite possible |
> Photo de Une : hpgruesen / Licence CC
> Photo panoramique : « 100 % d’énergies renouvelables maintenant » (Backbone Campaign / Licence CC)
References
↑1 | − Lire la tribune libre d’Olivier Rey, Nuclear Manœuvres in the Dark, 17 mars 2016. / |
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13 septembre 2017 à 10 h 44 min
“Quelle politique énergétique pour la France ?”
La (ou les) question(s) ne devrai(en)t-elle(s) pas être:
– Quelle politique énergétique pour quels besoins ?
– Quels sont les besoins essentiels et fondamentaux pour chaque citoyen ?
Aujourd’hui force est de constater que le productivisme, élément premier de la société industrielle, de la société occidentale, est la cause majeure de la crise écologique que nous connaissons (dérèglement climatique, pillage des ressources naturelles, pollutions, conflits, etc…).
La vraie question n’est pas seulement de quelle type d’énergie avons-nous besoin mais de quelle quantité et pourquoi faire.
Aucun candidat n’a abordé le sujet sous cet angle et ce n’est certainement pas pour rien.
30 octobre 2017 à 15 h 33 min
Bonjour Lionel,
pourtant si, lorsqu’on lit le programme de la France Insoumise et notamment le livret “planification écologique” ou bien encore “Déchets : nous n’en jetterons plus”, la Fi aborde ce sujet sous le principe de Règle Verte qu’ils veulent inscrire dans la Constitution. La règle verte c’est par exemple :
– l’obligation, à l’échelle de la France, de ne pas prélever sur la nature plus de ressources renouvelables que ce qu’elle peut reconstituer, ni de produire plus que ce qu’elle peut supporter.
– combattre le productivisme en trouvant notamment d’autres facteurs de progrès humains que le PIB par exemple, en dehors de la logique du capital et des circuits financiers…
pour le livret planification écologique : https://avenirencommun.fr/livret-planification-ecologique-regle-verte/
pour tous les autres livrets thématiques (qui ont tous un lien entre eux…là réside la cohérence de l’Avenir en commun selon moi :
https://avenirencommun.fr/livrets-thematiques/
…
22 avril 2017 à 13 h 20 min
Bravo pour votre travail, continuez comme ça !
Pour répondre à Fabien qui pleure car il n’a pas vu le nom de son candidat : il fallait cliquer sur “Lisez le résumé de ses positions et propositions (Cliquez sur le lien)” dans le tableau récapitulatif. Voilà les propositions de F.A. :
• Organiser un débat national sur l’énergie, suivi d’un référendum sur les méthodes de production et les procédés de sobriété énergétique
• Aller vers des constructions passives et promouvoir la rénovation énergétique des bâtiments
• Fixer une taxe verte sur les importations
• Réduire la dépendance aux hydrocarbures
• Garantir l’indépendance des chercheurs qui travaillent sur le climat et l’énergie
• Favoriser les projets-pilotes
C’était pas si compliqué non ?
18 avril 2017 à 11 h 29 min
Je suis surprise et un tant soit peu écœurée que dans votre article de synthèse il ne soit à aucun moment mentionné la position et le nom du candidat ASSELINEAU.
Quelle en est la raison?