Des recherches-actions sur les cancers du travail
Un fonds destiné à soutenir la recherche sur les cancers professionnels vient de voir le jour. Géré par l’association Agir contre les cancers du travail, il a déjà réuni 15 000 euros.
Sociologue de la santé, Annie Thébaud-Mony dénonce depuis de nombreuses années la collusion de l’industrie et des institutions scientifiques. Soucieuse de soutenir une recherche indépendante dans son domaine, la directrice de recherche honoraire de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) est engagée dans un nouveau projet : la création d’un fonds de dotation pour la recherche sur les cancers professionnels.
La première réunion de réflexion autour de ce dispositif s’est tenue le 3 décembre dernier. La date d’un second rassemblement est en cours de discussion. Son ordre du jour prévoit de finaliser les statuts de l’association créée pour l’occasion, Agir contre les cancers du travail, et d’envisager la composition d’un conseil d’administration. L’association pourrait démarrer son activité dans les premiers mois de 2024.
toute action contre les atteintes à la santé provoquées par le travail est inextricablement scientifique, sociale et politique.
Agir contre les cancers du travail a déjà réuni 15 000 euros, le montant minimum de dotation nécessaire au lancement du fonds. « Conscients que toute action contre les atteintes à la santé provoquées par le travail est inextricablement scientifique, sociale et politique, des collectifs de médecins du travail, de toxicologues et de chercheurs en santé publique se sont associés depuis les années 1970-1980. Elles et ils ont expérimenté différentes façons de travailler collectivement pour produire des connaissances permettant d’armer les travailleurs dans leurs luttes contre la mise en danger de leur santé dans le travail », fait savoir l’association, qui précise : « L’objectif du fonds de dotation est de permettre le financement de recherches-actions sur les cancers professionnels s’inscrivant dans cette tradition. »
L’association rappelle en outre que les cancers sont, en France, la première cause de décès chez les hommes et la seconde chez les femmes. Elle juge également que la prévention dans le milieu professionnel ainsi que les réparations versées aux victimes demeurent insuffisantes.
Le fonds de dotation d’Agir contre les cancers du travail pourrait notamment soutenir les recherches des équipes de Giscope 84 et de Giscope 93, des groupements d’intérêt scientifique qui enquêtent sur les cancers liés à l’emploi ou à l’environnement dans le Vaucluse et la Seine-Saint-Denis. Ces travaux visent entre autres à soutenir les démarches de reconnaissance en maladie professionnelle.
Mathieu Dejeu, journaliste / Sciences Critiques.
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