« La science est une chose trop importante pour être laissée entre les mains des seuls savants. » (Carl E. Sagan)

Des associations dénoncent l’expérimentation animale au CNRS

Des associations dénoncent l’expérimentation animale au CNRS

Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) projette de transformer sa station de primatologie située à Rousset, dans les Bouches-du-Rhône, en un centre d’élevage de singes d’envergure nationale. Des associations de défense de la cause animale ne l’entendent pas de cette oreille. Elles ont décidé d’interpeller le ministre de la Recherche sur la condition des animaux de laboratoire.

Plus de 150 personnes se sont réunies le 26 avril dernier devant la mairie de Rousset, près d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), dans le cadre de la journée mondiale des animaux de laboratoire, pour dénoncer l’extension de la station de primatologie du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) située sur la commune et interpeller dans le même temps le ministère de la Recherche sur les conditions de vie des animaux destinés aux expériences scientifiques.

Le CNRS souhaite en effet tripler les capacités de son installation – construite à la fin des années 1970 – pour en faire l’un de ses principaux « sites de production » de primates (babouins, macaques, singes-écureuils et marmousets), en en portant la capacité d’accueil de 600 animaux actuellement à 1.740 à terme. Selon ses promoteurs, ce nouveau centre d’élevage devrait satisfaire pas moins de 40 % de la recherche biomédicale française.

 

trois quarts des Français sont défavorables à l’expérimentation animale.

 

Coût de l’opération : 30 millions d’euros, financée sur les fonds (publics) du plan d’investissement « France 2030 ». Mais pour le sénateur Guy Benarroche, « il est difficile de comprendre en quoi un tel projet préparerait “la France de demain”. A moins de considérer que les primates non humains, animaux dotés de grandes capacités émotionnelles et intellectuelles, ne seraient que des “ressources stratégiques”. »

 

LES ANIMAUX DE LABORATOIRE,
DES
« RESSOURCES STRATÉGIQUES » ?

 

Pour les personnes et les associations mobilisées, qui tiennent à rappeler que « trois quarts des Français sont défavorables à l’expérimentation animale », le projet du CNRS va à l’encontre de la directive européenne 2010/63/UE, qui prévoit, et ce depuis 2010, « le remplacement total des procédures appliquées à des animaux vivants à des fins scientifiques ou éducatives, dès que ce sera possible sur un plan scientifique. » En clair : la directive européenne préconise la baisse du nombre d’animaux utilisés dans les laboratoires.

« Lancer un tel projet d’élevage en 2025 a-t-il encore du sens, sachant que sa construction ne s’achèvera pas avant 2030 et qu’il faudra ensuite quatre ou cinq ans pour “produire” assez de primates pour une demande qui, d’ici là, aura changé ? Nous en doutons », affirment les associations à l’origine de la mobilisation du 26 avril – One Voice et le Collectif vauclusien de protection animale –, qui a été soutenue par plus de 70 structures (collectifs, fondations, partis…).

 

LA FRANCE, PLUS GROS « CONSOMMATEUR »
DE PRIMATES D’EUROPE

 

Le 16 janvier dernier, Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille en charge de la transition écologique, et Lydia Frentzel, conseillère municipale déléguée à l’animal dans la ville, ont envoyé une lettre ouverte au ministre de la Recherche, Philippe Baptiste. « Dans tous les autres domaines de l’activité économique, quand une ressource naturelle devient rare (donc chère), on l’économise et/ou on recherche des alternatives. Il conviendrait donc de faire de même en ce qui concerne les primates non humains utilisés à des fins scientifiques », écrivent les deux élus locaux.

 

À elle seule, la France « consomme » plus de la moitié des primates utilisés en Europe.

 

Ces derniers avancent des pistes pour réduire le nombre d’animaux de laboratoire : « en démultipliant les projets de partenariat européens et internationaux et en partageant les données, en fixant les domaines et les projets les plus prioritaires, en mettant en place des bio-banques pour le partage des tissus et des organes animaux après leur mise à mort. »

Pour Guy Benarroche, le nombre de primates attendus dans le futur centre de Rousset est également « sujet à interrogation ». « En 2022, explique-t-il, la France a utilisé 563 primates à des fins de recherche fondamentale et appliquée. L’objectif de 40 % fixé par le CNRS serait donc largement atteint avec une “production” de 225 primates par an. » Et le sénateur de préciser : « La France est déjà le plus grand “consommateur” [de primates] de l’Union européenne (UE) – quatre fois plus que l’Allemagne. » Depuis 2020, la France « consomme », à elle seule, plus de la moitié des primates utilisés dans l’UE à des fins scientifiques.

Anthony Laurent, rédacteur en chef / Sciences Critiques.

 

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