« La science est une chose trop importante pour être laissée entre les mains des seuls savants. » (Carl E. Sagan)

Qu’est-ce que la science post-normale ?

Qu’est-ce que la science post-normale ?

La science post-normale révèle que la science normale, conduite en laboratoire et étendue à la conquête de la nature par le truchement de la science appliquée, n’est plus adaptée à la résolution des problèmes écologiques mondiaux. La qualité de la réflexion scientifique doit désormais être assurée par une « communauté élargie de pairs », composée de non-initiés.

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> Giacomo D’Alisa et Giorgos Kallis, respectivement docteur en sciences économiques et économiste écologique, participants au projet “European Network of Political Ecology” de l’Institut de Science et Technologie de l’Environnement (ICTA) de l’Université Autonome de Barcelone.

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A science post-normale (abrégée PNS pour Post-normal science en anglais) est une stratégie de résolution des problèmes scientifiques à laquelle on peut recourir lorsque « les faits sont incertains, les valeurs sont polémiques, les enjeux sont importants et les décisions sont urgentes. »[1]− Silvio O. Funtowicz et Jerome R. Ravetz, « Uncertainty, Complexity and Post Normal Science », Environmental Toxicology and Chemistry, vol. 13, no 12, 1994, p. 882. /

De telles contraintes sont caractéristiques des problèmes écologiques, du changement climatique, en passant par le rejet et la contamination de déchets toxiques, jusqu’à l’installation de centrales nucléaires.

Comme dans tous les cas revêtant une complexité éthique (comme, par exemple, dans la science biomédicale), les débats portant sur des mesures d’écologie, de développement et d’équité requièrent la participation d’une « communauté élargie de pairs », composée non seulement de scientifiques, mais aussi d’autres acteurs légitimes, à savoir toutes les personnes parties prenantes du problème, qui contribueront à assurer la qualité de la réflexion scientifique.

La notion de science post-normale s’appréhende plus facilement si on la compare, d’une part, à la science « pure » (fondamentale, normale) et, de l’autre, aux deux autres modes scientifiques dominants de résolution des problèmes : la science « appliquée », mue par des objectifs particuliers, et l’« expertise professionnelle ».

Dans la science pure de laboratoires, les enjeux décisionnels sont négligeables, car il n’y a pas d’intervenants extérieurs et la recherche dépend (principalement) du chercheur. L’incertitude y est également très faible. La recherche est entreprise dès lors qu’on peut (raisonnablement) espérer résoudre le problème.

La science appliquée élargit le domaine de la science pure pour répondre aux besoins bien circonscrits liés à la mise en œuvre ou à l’amélioration de tel produit ou de tel processus. Mais les enjeux et l’incertitude y sont généralement faibles et peuvent être gérés le plus souvent grâce à des processus statistiques normaux.

Les débats portant sur des mesures d’écologie, de développement et d’équité requièrent la participation d’une « communauté élargie de pairs ».

L’expertise professionnelle est encore plus large que la science appliquée et passe par le jugement et la créativité d’un « expert ». On peut, par exemple, comparer la science appliquée d’un chirurgien qui opère une fracture à l’expertise professionnelle d’un pathologiste ou d’un psychiatre. L’incertitude, dans l’expertise professionnelle, est plus élevée, tout comme les enjeux de la décision, puisque l’expertise est conduite pour un client dont les besoins doivent également être pris en compte.

À titre d’illustration, prenons, comme le font Silvio O. Funtowicz et Jerome R. Ravetz, le cas des barrages. Longtemps, les problèmes relatifs à la conception et à l’emplacement des barrages relevaient de la science appliquée. Face à la nécessité de contrôler les inondations, le stockage d’eau et l’irrigation, les incertitudes étaient gérées scientifiquement, en s’appuyant sur des techniques statistiques.

Avec l’émergence des conflits autour des barrages, l’expertise professionnelle a fait son apparition, les experts évaluant les coûts et les profits, le choix des emplacements, les impacts écologiques, etc. La prise de décision s’est intégrée au processus politique, chaque groupe impliqué mobilisant ses propres experts et consultants.

 

 

Aujourd’hui, l’idée même de barrage et de croissance alimentée par l’eau est mise en question, différentes valeurs entrant en ligne de compte, les incertitudes et les critiques concernant tous les aspects, tant hydrologiques, sociaux que religieux. C’est le domaine de la science post-normale.

 

LA « GARANTIE DE QUALITÉ »,
UN CONCEPT CENTRAL

 

Les postulats épistémologiques de la science post-normale ont d’abord été émis en 1971 dans le livre Scientific Knowledge and its Social Problems de Jerome Ravetz. Comme Jacques Ellul, penseur influent pour de nombreux décroissants, Ravetz critique une « science industrialisée », devenue « entrepreneuriale » et produisant une « technologie incontrôlable ».[2]− Lire Jerome R. Ravetz, « Postnormal Science and the Maturing of the Structural Contradictions of Modern European Science », Futures, vol. 43, no 2, 2011, p. 142-148. /

La transition de l’artisanat à la science, d’après Ravetz, a eu la même conséquence pour les scientifiques que pour les ouvriers industriels : une perte de contrôle et de direction sur leur création.

DEVENUE ENTREPRENEURIALE, La science industrialisée produit une technologie incontrôlable.

Dans le cas des scientifiques, elle marque une perte d’autonomie sur leur recherche. Ravetz critique la domination des critères tels que le profit et la finance dans le domaine de la science industrielle. Ils ont réduit la science à un facteur de production et abouti à passer des formes traditionnelles de garantie de qualité, basées sur le caractère et les compétences (moraux) des scientifiques, au souci de rentabilité et d’applicabilité technologique des résultats.

Ravetz et Funtowicz ont débuté leur collaboration dans les années 1980 et publié Uncertainty and Quality in Science for Policy, un livre dont la principale contribution fut la conception d’un système de notation appelé NUSAP (pour Numeral, Unit, Spread, Assessment, Pedigree – Numéraire, Unité, Dispersion, Évaluation, Pedigree). Son objectif est d’évaluer (et de garantir) la qualité des processus confrontés à l’incertitude dans les orientations politiques.

L’attention des auteurs était attirée par les problèmes écologiques (mondiaux) grandissants de leur époque, eux-mêmes issus des technologies incontrôlables que Ravetz avait dénoncées dans ses précédents travaux, de la prolifération de nouvelles technologies, comme le nucléaire ou les OGM[3]NDLR : Voir notre dossier : « Les OGM peuvent-ils nourrir le monde ? », mai 2015. / , et de leurs effets, comme le changement climatique.

Les causes et les impacts de ces phénomènes étaient très incertains, les enjeux particulièrement élevés (allant jusqu’à la survie et le bien-être des populations humaines) et les conflits de valeurs irréductibles – arbitrer entre une génération et la suivante, entre telle communauté et telle autre, telle espèce et telle autre…

La recherche d’une « vérité » unique ne peut pas être le principe d’organisation de l’activité scientifique.

Funtowicz et Ravetz expliquent que dans de telles conditions, on ne peut plus raisonner en termes d’« énigmes » posées à la science normale. La recherche d’une « vérité » unique ne peut pas être le principe d’organisation de l’activité scientifique, puisque des valeurs irréductibles (incommensurables et difficilement comparables) sont en jeu.

Par exemple, l’incertitude entourant l’élévation du niveau de la mer ne peut être réduite à l’incertitude méthodologique ou technologique, qu’une plus grande puissance de calcul permettrait de résoudre. L’évaluation des impacts de l’élévation du niveau de la mer est aussi confrontée à une incertitude épistémologique.

La science post-normale révèle que la science normale (au sens de Thomas Samuel Kuhn), conduite en laboratoire et étendue à la conquête de la nature par le truchement de la science appliquée, n’est plus adaptée à la résolution des problèmes écologiques mondiaux.

 

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La « garantie de qualité » est un concept central de la science post-normale. La qualité n’est pas simplement la bonne gestion de l’incertitude, mais un processus social intégré capable de répondre aux différentes préoccupations émergeant des multiples récits du problème en jeu.

L’évaluation par les pairs est nécessaire, mais pas suffisante.

La science post-normale marque un déplacement d’une rationalité substantive – le processus éclairé par la science visant à décider de la recherche de solutions optimales – à une rationalité procédurale, qui fait intervenir un processus visant à trouver des solutions communes et « satisfaisantes ».[4]− Lire Mario Giampietro, Multi-Scale Integrated Analysis of Agroecosystems, Londres, CRC Press, 2003. /

Le processus d’évaluation par les pairs de la science normale est nécessaire, mais pas suffisant dans le cadre de la science post-normale. Une communauté élargie de pairs doit en garantir la qualité. Non seulement les experts reconnus de telle ou telle discipline, mais un groupe élargi de non-initiés désireux de participer à la résolution du problème doivent y prendre part. Au lieu d’une communauté d’experts, ce déplacement permet de confier les décisions, où entre en jeu la question de la durabilité, à une « communauté experte », un groupe élargi de pairs constitué au cours du processus d’évaluation.

Cette communauté experte doit pouvoir considérer, simultanément, une configuration de « faits étendus », incluant une pluralité de savoirs (scientifiques, indigènes, locaux, traditionnels), de valeurs (sociales, économiques, écologiques, éthiques) et de croyances (matérielles, spirituelles) qui, ajoutée aux « faits scientifiques » traditionnels, éclaire l’analyse du problème en jeu.

La « communauté experte » doit considérer, simultanément, une pluralité de savoirs, de valeurs et de croyances.

La science appliquée et l’expertise professionnelle peuvent faire partie de l’activité dans son ensemble, mais elles ne doivent plus dominer le processus de décision.

Et ne nous y trompons pas : il existe encore de nombreux contextes où la science normale, la science appliquée ou l’expertise professionnelle peuvent, séparément, se révéler appropriées. Mais pas dans le cas des problèmes environnementaux, sociaux ou économiques les plus urgents.

 

LA SCIENCE DANS UNE SOCIÉTÉ DÉCROISSANTE

 

Jusqu’à présent, les décroissants ont mis en cause le statut de détenteur de vérité des scientifiques, particulièrement des « économistes », dont l’expertise et les prétentions à la vérité ont eu tendance à coloniser et à dépolitiser la sphère sociale.[5]NDLR : Lire Didier Harpagès, « L’économie est-elle une science ? » , mai 2015. /

Pourtant, la réflexion sur le rôle de la science et la façon dont elle pourrait contribuer à résoudre les problèmes dans l’hypothèse d’une société de décroissance reste limitée.

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> Le texte “Science post-normale”, que nous publions ici dans son intégralité, est paru dans le livre “Décroissance. Vocabulaire pour une nouvelle ère” (Le Passager Clandestin, novembre 2015). Traduction : Xavier Kemmlein.

La capacité de la science à résoudre les problèmes demeure un enjeu important de la transition vers la décroissance. Par exemple, pour parvenir à déterminer les modes d’action socio-écologiques pertinents. Et elle restera essentielle, même dans une hypothétique société de décroissance, une société plus modérée et qualitativement différente ayant malgré tout à gérer l’héritage de notre génération, les barrages, les centrales nucléaires, les déchets toxiques et la transformation du climat.

Pour plusieurs raisons, toute réflexion concernant la « science dans une société décroissante » ne peut partir que de la science post-normale.

Premièrement, parce qu’il existe un lien fort entre la communauté des décroissants et celle des économistes écologistes où évolue la science post-normale. Une nouvelle génération de décroissants, dont beaucoup ont étudié l’économie écologique, est déjà imprégnée du raisonnement épistémique de la science post-normale.

La praxis même des conférences internationales sur la décroissance est inspirée de l’idéal de la science post-normale, dans une volonté de se débarrasser des experts ex cathedra et de créer une « communauté élargie d’évaluation par les pairs » dans le cadre de la recherche sur la décroissance.[6]− Lire Claudio Cattaneo, Giacomo D’Alisa, Giorgos Kallis et Christos Zografos, « Introduction », in Degrowth Futures and Democracy, Futures, vol. 44, no 6, août 2012, p. 515-523. /

Deuxièmement, la dénonciation de la technologie incontrôlable de Ravetz fait écho aux théories fondamentales de la décroissance. Les bases épistémologiques de la science post-normale rejoignent les critiques portées par la décroissance en matière de technologie, comme celle du monopole radical exercé par la technologie à grande échelle énoncée par Ivan Illich, ou l’appel de Jacques Ellul à s’affranchir d’un « système technicien » devenu autonome, un système autoréférentiel où le fait même de découvrir est une fin en soi.

La réflexion sur le rôle de la science dans une société de décroissance reste limitée.

Troisièmement, la démocratisation de la science[7]NDLR : Lire la tribune libre de Jacques Testart, Pourquoi et comment être critique de science ?, février 2015. / prônée par les défenseurs de la science post-normale est conforme à l’appel des décroissants pour une refonte des institutions (prétendument) démocratiques des sociétés occidentales, qui comprennent les institutions scientifiques qu’il s’agit de soustraire à l’emprise des experts.

Enfin, et surtout, le dialogue, l’engagement en valeur, la pluralité de perspectives légitimes, la reconnaissance de l’incertitude et l’éradication du monopole des experts dans les décisions collectives sont des principes fondamentaux tout autant de la science post-normale que de la décroissance.

Giacomo D’Alisa et Giorgos Kallis

 

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References

References
1 − Silvio O. Funtowicz et Jerome R. Ravetz, « Uncertainty, Complexity and Post Normal Science », Environmental Toxicology and Chemistry, vol. 13, no 12, 1994, p. 882. /
2 − Lire Jerome R. Ravetz, « Postnormal Science and the Maturing of the Structural Contradictions of Modern European Science », Futures, vol. 43, no 2, 2011, p. 142-148. /
3 NDLR : Voir notre dossier : « Les OGM peuvent-ils nourrir le monde ? », mai 2015. /
4 − Lire Mario Giampietro, Multi-Scale Integrated Analysis of Agroecosystems, Londres, CRC Press, 2003. /
5 NDLR : Lire Didier Harpagès, « L’économie est-elle une science ? » , mai 2015. /
6 − Lire Claudio Cattaneo, Giacomo D’Alisa, Giorgos Kallis et Christos Zografos, « Introduction », in Degrowth Futures and Democracy, Futures, vol. 44, no 6, août 2012, p. 515-523. /
7 NDLR : Lire la tribune libre de Jacques Testart, Pourquoi et comment être critique de science ?, février 2015. /

2 Commentaires

  1. Ça n’aura donc comme science que le nom… Le postulat ou hypothèse de travail c’est le réalisme contrairement aux sciences sociales. On ne peut pas opposer les deux, elles sont complémentaires et nécessaires. Ainsi ce relativisme culturel c’est du n’importe quoi, on ne peut pas le mélanger avec des valeurs et même la religion: y a pas plus subjectif et arbitraire que cela ! La science c’est le matérialisme méthodologique et ca marche bien, votre mélange ce ne sera plus de la science mais de l’idéologie comme avant quand la science était soumise au spiritualisme. Belle régression ! Et c’est quoi les valeurs religieuses sur l’embryon ? La génétique ? Tout comme les valeurs sociales et écologistes, dans votre société il sera interdit de ne pas les partager ? Vous proposez une soit disant ouverture alors qu’en fait vous imposez votre vision des choses. Non tout le monde n’a pas des valeurs sociales ni écologistes .. Et encore moins économique, c’est pas du tout au même niveau que les sciences naturelles , ce mélange serait dangereux et signerait une emprise arbitraire… Dans l’Histoire ca donne le lyssenkisme ou la science aryenne. Par ailleurs ce relativisme est d’un populisme culturel fou : les savoirs indigènes ou ancestraux (sophisme de la tradition d’ailleurs et de la popularité bonjour la démagogie ) ne sont pas des savoirs mais des pratiques, des coutumes, des codes et conventions. Le savoir scientifique n’est pas une question de vérité, mais de fiabilité (ce dont vous ne parlez pas on a l’impression que c’est une opinion comme une autre, vous maîtrisez très mal les fondements pour proposer une nouvelle épistémologie) : ce qui importe c’est comment on obtient ce savoir, pas vraiment qu’il soit vrai ( car peut être réfuté ou complété). Et donc c’est une méthode qui permet justement d’améliorer des savoirs locaux ou ancestraux : ca teste, ça expérimente , ça vérifie efficacité et pertinence… Le résultat sera un savoir scientifique et ancestral en même temps. Donc ça ne peut pas être au même niveau, il y a un contre sens épistémologique entre méthode d’obtention connaissance et connaissance brute.. par ailleurs des croyances ou des superstitions ne sont pas des savoirs et cela est encore une catastrophe dans de nombreux pays, ça mine aussi les relations sociales (sorcellerie en Afrique, albinos etc ). Je ne vois pas comment on peut défendre ca quand les premiers concernés sont les plus faibles, c’est aussi insulter les chercheurs africains,indiens chinois qui contribuent à la science et qui cherchent à instiller la méthode scientifique au niveau local. Bref si a priori y aura toujours de la science même avec la décroissance , sa mise en oeuvre sous cette forme ne sera plus de la science. Il faut être humble, c’est d’une prétention folle de croire qu’on peut se passer d’expertise réelle alors qu’on est bourré de biais cognitifs et compressions fausses , c’est de la démagogie au nom d’une idéologie anti savoir et anti science finalement. C’est un effet dunning kruger institué (plus on est ignorant plus on se croit expert) . La transparence et la communication est nécessaire mais le problème n’est pas le messager,c’est le message.

    • Bonjour,

      On hésite à répondre au commentaire tant il est à l’emporte-pièce et semble n’avoir pas lu l’article. A aucun moment il n’est question de relativisme et d’arbitraire, tout au contraire il s’agit d’améliorer le manque d’objectivité des théories construites dans des laboratoires largement coupés du monde, pour en augmenter la qualité. Qui impose sa vision des choses ? L’article pointe des difficultés concrètes (incertitudes, etc.) et suggère des solutions, à aucun moment il ne vous prend en otage. D’autant que vous semblez complètement d’accord sur le fond, quand vous dites que tant que c’est testé, ce peut être scientifique et ancestral en même temps. Mépris des chercheurs africains ? L’article dit au contraire que nous ne sommes plus au temps où quelques chercheurs blancs pouvaient imposer leur vérité ! A moins que vous ne vous contredisiez quand vous dites « qu’avant » la science était spirituelle ? Avant quoi, avant que les Blancs n’arrivent chez les Africains ? Peut-être faut-il lire les articles et écrire les commentaires un peu moins vite, ce serait plus constructif ?

      Fabrice Flipo

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